La femme dans le développement et la paix – Ahmed Bajoaim

 

Depuis de nombreuses années, le Yémen endure un conflit politique persistant, exacerbant la détérioration des conditions de vie des citoyens. Cela a entraîné des répercussions sociales et économiques graves dans divers aspects de la vie. Cependant, malgré cette crise persistante, le rôle officiel a été favorable à l’engagement de la femme yéménite dans le domaine diplomatique.

Ainsi, une croissance notable a été observée à travers l’effort visant à habiliter les femmes dans les ambassades, les ministères, même de manière marginale, ainsi que dans d’autres secteurs vitaux et au sein des organisations internationales, où la femme est devenue un élément essentiel. Certains croient en l’idée que la présence féminine dans les dialogues diplomatiques renforce la transparence et contribue à accroître le niveau de compréhension entre les parties en conflit.

Le soutien officiel a joué un rôle central dans l’autonomisation de la femme yéménite, ouvrant de larges perspectives pour son engagement dans le domaine diplomatique. Sa participation au sein des institutions gouvernementales et des programmes des organisations de la société civile a contribué à surmonter les défis actuels et les crises successives. Grâce à sa détermination et sa volonté, elle a imposé sa présence de manière influente dans les organisations locales, internationales et régionales, renforçant ainsi son rôle dans le domaine diplomatique. Ce rapport examine le rôle officiel dans l’autonomisation de la femme yéménite pour l’amener à s’engager avec succès au niveau local et international dans le domaine diplomatique.

Le rôle officiel

Le Comité national des femmes, une organisation gouvernementale officielle relevant de la présidence du Conseil des ministres, œuvre à habiliter la femme yéménite et à renforcer ses compétences dans tous les domaines, notamment dans le domaine politique, diplomatique, ainsi que dans les processus de paix et de négociation. La présidente du Comité a participé à une réunion consultative tenue dans la capitale jordanienne, Amman, regroupant 33 femmes yéménites, comprenant des militantes, des femmes politiques, des expertes et des académiciennes. L’objectif de cette réunion était de formuler une vision yéménite inclusive pour le processus de paix. La réunion a inclus une série de consultations approfondies avec le bureau de l’Envoyé spécial des Nations Unies au Yémen, M. Griffiths, selon le rapport du Comité publié en novembre 2023.

La réunion visait à discuter des aspects de la formulation d’une vision yéménite inclusive pour le processus de paix, ainsi que de l’importance de la qualification et de l’autonomisation de la femme yéménite dans les domaines politique, de négociation et diplomatique. Selon le rapport du Comité, l’Envoyé spécial des Nations Unies a souligné que la voix des femmes est essentielle pour façonner l’avenir politique du Yémen, en particulier dans la phase post-paix. Les participantes à la réunion consultative ont pris les mesures nécessaires pour activer leur participation effective dans le domaine politique, de négociation et diplomatique à l’avenir, y compris dans le travail diplomatique.

Dans un autre rapport de même Comité, sa présidente, Dr. Shafiqa Saïd, a présenté lors d’une réunion avec une délégation européenne de haut niveau en décembre 2023 les objectifs du Comité. Ces objectifs visent à autonomiser les femmes et à les pousser à occuper des postes de prise de décision dans toutes les institutions de l’État, y compris le ministère des Affaires étrangères, ainsi qu’à établir des partenariats solides avec des organisations internationales et régionales pour créer des opportunités de formation et de qualification pour les femmes yéménites dans les domaines diplomatique, politique et de négociation. Elle a souligné que la nomination de 20% de femmes en tant que juges à la Cour suprême constitue une réalisation majeure pour la femme, de même que dans les domaines de la sécurité et de la police.

Dr. Shafiqa a précisé, selon le rapport, que la nomination observée chez la femme dans des postes de prise de décision au cours de cette période coïncide avec l’élargissement des revendications de la femme yéménite dans divers domaines, tant au niveau local qu’international et régional, sur l’importance de sa participation dans la vie politique et la prise de décision. Cela, naturellement, permettra à la femme de se qualifier dans le domaine diplomatique et de négociation, tout en lui offrant l’opportunité d’explorer des horizons étendus en collaborant avec des experts et des diplomates hautement qualifiés, ce qui contribuera à renforcer ses compétences professionnelles dans le domaine diplomatique.

Dans le même contexte, la conseillère aux affaires des femmes du gouvernorat d’Al-Mahra, Alia Al-Hiraizi, a exprimé le rôle officiel offert spécifiquement aux femmes d’Al-Mahra, et aux celles yéménites en général, visant à les habiliter à exercer des fonctions politiques et diplomatiques. Cela se concrétise par la mise en œuvre d’activités de formation et de qualification visant à renforcer les capacités de la femme pour qu’elle puisse accéder à des postes prestigieux dans divers secteurs, notamment des postes de direction dans les domaines politique et diplomatique. Elle a aussi souligné l’importance du déploiement d’efforts par les autorités officielles pour continuer à soutenir l’autonomisation de la femme dans des postes de prise de décision souverains, que ce soit à l’intérieur du gouvernorat ou en émettant des recommandations et des nominations pour les organes publics de l’État.

Concernant les défis et les difficultés, Al-Hiraizi indique que le gouvernorat n’a pas mis en œuvre d’activités ou de programmes de formation directement liés à l’autonomisation des compétences de la femme dans la diplomatie mais il travaille plutôt sur le développement et le perfectionnement de compétences diverses dans différents domaines économiques, sociaux et de la prise de décision. Cela se réalise par la mise en place d’ateliers sur l’importance de la présence de la femme dans des postes de prise de décision, son rôle dans la construction de la paix psychologique et sociale, ainsi que sa capacité à s’engager dans le cadre des négociations de paix et à mettre fin aux conflits. De plus, des ateliers sont organisés pour comprendre les lois internationales qui contribuent au processus de plaidoyer à l’échelle nationale et internationale.

De son côté, la présidente du Comité national des femmes dans le gouvernorat de Hadramaout, Faiza Bamatraf, a souligné que le Comité accorde une grande attention aux femmes en les soutenant dans tous les domaines et secteurs, conformément aux objectifs de la commission. Ces objectifs soulignent l’importance de l’autonomisation de la femme dans la prise de décisions et sa présence dans le domaine diplomatique. Le Comité se concentre particulièrement sur la sensibilisation de la femme et de la fille, en menant des campagnes directes dans les universités, les instituts, et même les écoles secondaires, mettant en avant l’importance du développement de ses compétences pour prendre des décisions. De plus, elle met en œuvre des programmes visant à l’aider à choisir des spécialisations pratiques pour l’avenir, contribuant ainsi à son autonomisation et à son accès à des postes de prise de décision au sein des ministères et des ambassades.

AssÏa Bukhait, présidente du Yémen Union des femmes dans le gouvernorat d’Al-Mahra, a expliqué que l’Union joue un rôle actif en tant qu’organisation sociale bénévole représentant toutes les femmes. Elle cherche, dans le cadre de ses principales missions, à revendiquer les droits de la femme qui a été négligée et exclue en raison du conflit, que ce soit en matière de droits sociaux, économiques, politiques, et autres. La femme continue de lutter pour son droit à la participation politique, en particulier dans les processus de négociation et de construction de la paix, où son rôle a été clairement négligé. De plus, elle revendique son droit à participer dans le domaine diplomatique au sein des ministères concernés et des ambassades.

Elle a souligné que bien qu’il y ait une participation féminine dans la vie politique, le nombre de femmes reste faible par rapport aux capacités des femmes présentes dans la société locale. Cela est considéré comme injuste, en particulier compte tenu des compétences nombreuses des femmes dans le domaine diplomatique. Elle a précisé que l’Union travaille en collaboration continue avec les autorités locales pour mettre en avant les questions liées à la femme et proposer des solutions pratiques pour tirer profit de ses compétences dans divers domaines.

De plus, AssÏa a ajouté que l’Union des femmes d’Al-Mahra fonctionne conformément à la stratégie interne entre les femmes dans les domaines social, politique et juridique. Parmi ses principales missions figurent la qualification de la femme d’Al-Mahra, le soutien à sa participation dans tous les domaines. Cependant, les résultats escomptés en matière de renforcement politique de la femme, de son engagement dans le domaine diplomatique et de son accession à des postes de direction, restent très faibles et peu tangibles à ce jour, malgré l’émission de décisions locales et internationales appelant à la nécessité d’autonomisation et de protection de la femme. L’une des décisions les plus importantes est la résolution des Nations Unies n° 1325, qui appelle à la participation et à la représentation de la femme dans les processus et la résolution des conflits.

 Les défis entravent l’autonomisation de la femme

La conseillère, Alia Al-Harizi, considère que l’un des défis majeurs entravant l’autonomisation des femmes dans le domaine diplomatique est la situation actuelle du Yémen résultant du conflit. La détérioration de la situation humanitaire et économique a créé un écart important dans la poursuite d’un processus adéquat de qualification pour l’autonomisation politique et diplomatique des femmes. Cela a conduit de nombreuses femmes au Yémen à ne penser qu’à assurer leur subsistance quotidienne, sans envisager de poursuivre leurs aspirations en acquérant les compétences nécessaires pour le travail diplomatique. Ce domaine requiert une étude approfondie pour leur permettre d’accéder à des postes liés à la diplomatie et de relever les défis visant à les exclure de la scène politique, des négociations et du processus de construction de la paix, supervisés par des États régionaux ou les Nations Unies.

Elle a également souligné que parmi les défis auxquels les femmes sont confrontées dans leur autonomisation pour le travail diplomatique, on trouve la perspective sociale limitée et peu confiant dans les capacités des femmes, ainsi que la faiblesse du processus de formation pratique pour les femmes qui aspirent à une carrière diplomatique. Cela est dû à l’absence de consulats ou d’ambassades étrangères à l’intérieur du pays, en particulier à ce stade. Cette situation complique la poursuite de la formation pratique en diplomatie par les femmes, ce qui contribue à renforcer leurs compétences professionnelles et leur expérience dans le domaine.

Bamataraf a souligné qu’il existe des défis qui entravent la participation de la femme dans le domaine diplomatique, se manifestant par la limitation du rôle de la femme dans la diplomatie par rapport à l’homme, qui occupe des postes diversifiés liés à la diplomatie. Les décideurs n’ont pas traité de manière adéquate la légitimité de la présence de la femme dans cette profession. Par conséquent, le Comité national de Hadramaout s’efforce de traiter objectivement la question en mettant l’accent sur le rôle de la femme dans la promotion de la paix et de la stabilité globale dans le pays, compte tenu des difficultés d’accès de la femme au travail diplomatique.

Dans le même contexte, la présidente du Yémen Union des femmes à Al-Mahra, AssÏa Bukhait, a souligné que l’une des principales difficultés et obstacles entravant l’accès de la femme yéménite à la diplomatie réside dans le non-respect des accords et traités que le Yémen a ratifiés concernant le rôle de la femme dans la réalité tangible. Elle a également noté qu’il existe malheureusement des voix prétendant que la période actuelle n’est pas propice à la présence de la femme à des postes de direction et de prise de décision. Elle a ajouté qu’il est difficile pour les femmes de s’adapter dans le domaine diplomatique, ce qui a un impact sur la société. Le mépris envers la mentalité et les capacités de la femme yéménite persiste, représentant une vision erronée.

Les traitements

Al-Hiraizi a abordé plusieurs solutions possibles pour renforcer la participation de la femme yéménite dans le domaine diplomatique, notamment en sensibilisant la société à l’importance du rôle de la femme dans la diplomatie, en encourageant les femmes qualifiées à participer en offrant des bourses aux femmes talentueuses et distinguées dans ce domaine pour accroître leur expérience à l’étranger, et en augmentant la représentation des femmes yéménites dans les conférences et les négociations internationales. De plus, elle a souligné la nécessité de permettre aux femmes d’occuper des postes de direction dans le pays, ce qui leur permettrait d’exercer officiellement la profession, en particulier dans le domaine des négociations.

La présidente du Comité national des femmes de gouvernorat de Hadramaout, Bamatraf, considère que certaines solutions appropriées pour renforcer la participation de la femme dans la diplomatie incluent le renforcement du rôle de la femme dans le processus de construction de la paix au Yémen. Cela contribuerait à ramener la vie à une situation sûre et stable. Elle souligne également l’importance de développer des plans et des stratégies visant à renforcer le rôle et la position de la femme dans divers secteurs et domaines, en particulier dans le domaine diplomatique. Elle suggère aussi l’organisation de rencontres et de dialogues avec les décideurs aux niveaux national et international pour discuter de la situation générale du pays sous différents angles.

De son côté, Bukhait a mentionné que l’une des solutions les plus importantes, du point de vue de l’Union des femmes pour autonomiser la femme yéménite dans le domaine diplomatique, consiste à soutenir le rôle officiel de la femme en travaillant au sein d’organisations internationales. Cela peut se faire en augmentant leur expérience dans le domaine de la négociation par le biais de la communication avec des organisations internationales et régionales. Elle souligne également la nécessité de coordonner les efforts pour fournir le soutien nécessaire à la participation de la femme à des ateliers et à des programmes de formation spécialisés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Elle propose aussi que les autorités officielles prennent des mesures sérieuses pour offrir des opportunités d’emploi améliorant la présence de la femme dans le domaine diplomatique.

Malgré les défis difficiles auxquels le Yémen est confronté, y compris les conflits, les crises humanitaires et politiques, le rôle officiel déploie des efforts montrant un engagement fort à renforcer le rôle de la femme dans divers domaines, y compris le domaine diplomatique. L’autonomisation de la femme diplomatique dans des postes de direction au sein des ambassades et des ministères contribuera grandement à améliorer les relations internationales entre le Yémen et les pays du monde, dans divers domaines qui renforcent la position du Yémen régionalement et mondialement.