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Dr. Salwa Brik

Directrice générale des Affaires des femmes, des enfants et des biens des mineurs au ministère de la Justice

Conseillère de l’issue de « La violence contre la femme »

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La femme est cet être que l’Islam a honoré et lui a accordé une place éminente, une égalité totale avec l’homme en humanité et en dignité. L’honneur que l’Islam a accordé à la femme n’est pas une simple théorie, mais c’est une réalité pratique vécue par les musulmanes tout au long de l’histoire, car elle jouit d’un statut élevé, de droits étendus et de responsabilités importantes, comme cela est clairement visible dans le Saint Coran et la tradition prophétique.

La femme est la mère, la sœur, la fille, l’amie et la compagne, elle est l’éducatrice des générations. Aucune société humaine ne peut être construite sans la femme. C’est pourquoi nous constatons que la femme est le moteur de la vie, dynamique dans tous les domaines de la construction et de la paix contre les conflits, ainsi que dans les activités humanitaires. Elle est la flamme qui répand les principes de paix et de justice dans les moments les plus difficiles et les plus sombres. Cependant, face aux conflits permanents et à l’émergence des formes d’oppression, d’injustice et de génocide dans certains pays, dont le Yémen, la femme est toujours la première victime. Malgré toutes les difficultés, la femme yéménite fait preuve d’un courage et d’une force sans égal. Elle fait face aux crises politiques, sécuritaires, économiques et sociales avec patience et détermination, et participe à différents domaines de la vie, contribuant ainsi à la reconstruction de sa société.

Les femmes au Yémen ont fourni de nombreuses actions humanitaires pour construire la justice et la paix. Elle a participé à de nombreux projets à différents niveaux et dans divers domaines, occupant des tribunes de savoir et transmettant aux générations tout ce qui peut les élever pour construire des sociétés. Sur le plan international et mondial, elle a également occupé des postes diplomatiques et internationaux. La voix de la femme s’est fait entendre dans le monde entier. Sans sa voix, nous n’aurions pas su que des femmes ont subi des violations de leurs droits et toutes sortes de violences, surtout pendant les périodes de conflit. Sans la femme, ses efforts, sa voix et sa plume qui ont défendu principalement les questions des femmes et de la société, il n’y aurait pas eu de décisions et d’efforts communautaires et internationaux pour soutenir ces questions.

Les femmes et les violences dont elles sont victimes

Les femmes ont fait entendre leur voix dans les centres décisionnels à travers de nombreuses femmes pionnières et éminentes qui ont laissé leurs empreintes dans l’histoire. Elles ont défié les difficultés malgré la poursuite de leur répression et la privation de leurs droits dans différents domaines de la vie, exploitant les lacunes dans les lois qui ne montrent pas suffisamment de clauses visant à protéger clairement les femmes contre les formes de violence, ou exploitant la faiblesse de l’application des lois existantes en général, ainsi que les coutumes et traditions qui ont toujours opprimé les droits des femmes et accru la violence à laquelle elles sont confrontées dans certaines régions yéménites et rurales, qui pratiquent encore des violations héritées contre les jeunes filles, comme l’excision, causant des dommages psychologiques et sexuels chez la femme, qui sont parmi les principales causes des problèmes et du divorce, malheureusement, au Yémen.

De nombreuses statistiques ont montré ces phénomènes négatifs pratiqués contre les femmes, ainsi que le phénomène du mariage des mineures, avec les dommages psychologiques, physiques et sexuels qui en résultent. Donc, la plupart des cas de mariage de mineures se terminent par des violences contre les femmes, des problèmes sociaux, la destruction et la désintégration de la famille, ainsi que la perte des enfants, ce qui entraîne également des violences familiales subies par les femmes de la part de leurs proches, ayant un impact négatif sur leurs enfants.

Parmi les autres formes de violence à laquelle les femmes sont exposées, notamment dans les zones rurales, on peut citer la privation de l’éducation, entraînant ainsi un mariage précoce. Dans certaines régions, la vie de la femme peut même être menacée en raison des routes difficiles, rendant l’accès aux établissements de santé très difficile, causant parfois la mort de la femme en route pour accoucher ou se faire soigner, ce qui constitue une forme de violence sociale et sanitaire.

Les causes de la violence contre les femmes au Yémen

La violence contre les femmes au Yémen constitue l’un des principaux défis des efforts visant à améliorer la condition des femmes et leur autonomisation dans la société, jetant une ombre lugubre sur le développement durable dans le pays. Les racines de ce phénomène inquiétant sont attribuées à un ensemble de facteurs interconnectés, dont le manque de sensibilisation et de compréhension sociale de la gravité de la violence contre les femmes, considérée parfois comme un comportement acceptable dans certaines régions yéménites. En raison de la stigmatisation et de l’ostracisme familial et social, de nombreuses femmes hésitent à signaler les actes de violence dont elles sont victimes, par crainte des conséquences sociales et psychologiques.

De plus, la faiblesse des procédures de justice et le manque de soutien juridique et psychologique aux survivantes de la violence entravent leur accès à la justice et aggravent leur souffrance. En effet, les facteurs culturels et sociaux sont parmi les principales causes de la violence contre les femmes au Yémen, notamment la consolidation d’une culture de domination masculine sur les femmes, qui diminue leur valeur et leurs compétences, ainsi que la pratique de traditions néfastes à leur encontre, telles que les mariages précoces, la privation d’éducation et d’héritage, et les crimes dits « d’honneur ». De plus, certaines coutumes et traditions exaltent la virilité des hommes aux dépens de la dignité des femmes, ce qui encourage la violence à leur égard.

De plus, les facteurs économiques ont un impact important sur les femmes. En effet, certaines femmes sont contraintes d’accepter des conditions difficiles, comme le mariage précoce ou un travail dans des conditions peu sûres. De même, la dépendance financière envers les hommes limite la capacité des femmes à s’extraire de relations violentes. Il est également évident que les facteurs politiques actuels ont grandement contribué à l’augmentation de la violence contre les femmes dans les différents gouvernorats du Yémen. Le conflit armé a exacerbé le phénomène de la violence contre les femmes et les a exposées à de graves violations, d’autant plus que l’absence de sécurité a permis d’exercer cette violence en toute impunité. De plus, la capacité de l’État à protéger les femmes contre la violence reste faible.

En outre, les femmes font face à des facteurs psychologiques. En effet, certains hommes souffrant de problèmes de santé mentale peuvent être amenés à exercer de la violence contre les femmes. Il est important de souligner que ces facteurs sont interdépendants et interconnectés, et qu’il n’est pas possible de les isoler les uns des autres.

Des efforts pour lutter contre la violence

Le traitement du phénomène de la violence contre les femmes au Yémen est une responsabilité partagée qui incombe à tous : le gouvernement, les institutions de la société civile et les individus. Cela nécessite des efforts de sensibilisation intensifs, des révisions juridiques complètes, la fourniture de services de soutien et de soins aux survivantes, ainsi qu’un travail collectif pour faire entendre la voix des femmes victimes de violence afin d’alléger leurs souffrances et de les réin

tégrer dans la société, afin qu’elles puissent vivre une vie stable dans la paix et la sécurité.

Sur le plan international, la résolution 1325 de 2000 a été un cri puissant et un effort considérable pour faire entendre la voix des femmes à l’échelle mondiale, et les impliquer dans les processus de paix et de justice à tous les niveaux. Ces efforts titanesques ne sont pas venus de nulle part, mais émanent d’une réflexion convaincue que les femmes sont les artisanes de la décision, de la paix et de la justice humanitaire.

Des propositions pour tenter de réduire les manifestations de violence

Pour renforcer la sensibilisation sociétale, changer le regard méprisant sur les femmes, mettre en œuvre les lois de protection et créer un environnement sûr pour les femmes, nous pouvons transformer le défi en une opportunité de construire une société où tous jouissent de la justice et de l’égalité. Il est donc nécessaire de proposer des solutions qui contribuent de manière essentielle à atténuer le phénomène de la violence contre les femmes au Yémen et à les aider à jouer leur rôle influent dans la société. Voici quelques propositions :

  1. Faire de cours de formation et de qualification (internes et externes) pour sensibiliser les femmes dans divers domaines.
  2. Donner aux femmes des postes décisionnels pour faire entendre leur voix dans les forums locaux et internationaux
  3. Faire de centres et d’abris spéciaux pour aider les femmes exposées à la violence dans différents gouvernorats yéménites.
  4. Présenter l’aide juridique et communautaire pour les femmes, les protéger et les assister.
  5. L’existence d’une interconnectivité et d’un réseau qui relie les femmes les unes aux autres pour bénéficier de leurs capacités et expériences dans divers domaines et spécialisations de la société.
  6. Réintégrer les femmes maltraitées dans la société de manière à leur garantir une protection permanente et fournir des soins de santé et psychologiques aux femmes maltraitées.
  7. Activer des mesures pour permettre aux femmes d’obtenir plusieurs services de sécurité auprès de différents ministères, promulguer de nouvelles lois visant à protéger les femmes contre la violence et modifier les lois existantes pour garantir leur mise en œuvre efficace.

La réduction des manifestations de violence contre les femmes au Yémen est une nécessité urgente, pour des raisons humanitaires, morales, juridiques et économiques. C’est essentiel pour le pays, car nous savons que ce n’est pas une tâche facile, mais c’est nécessaire pour réaliser un développement durable et construire une société juste et pacifique, qui respecte les droits et la dignité des femmes.

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