Docteure Houda Ali Alaoui

Directrice du Centre des Femmes pour les Études et la Formation à l’Université d’Aden

Conseillère de « La Femme dans l’Enseignement Supérieur et les Milieux Académiques au Yémen »

 

Introduction

De nombreuses conférences et colloques, aux niveaux local, régional et international, ont souligné dans leurs études, recherches et recommandations l’importance de l’éducation en général et de l’enseignement supérieur en particulier. L’intérêt pour l’enseignement supérieur et le développement de ses différents outils pour faire face aux changements de cette époque a considérablement augmenté, ce qui pousse les établissements d’enseignement supérieur à répondre aux changements et aux nouveautés scientifiques et technologiques qui les entourent.

L’éducation permet à la femme de s’autonomiser en lui offrant les moyens d’apprendre et de naviguer dans les défis de la vie. Elle développe chez elle les aptitudes à penser de manière critique, à résoudre les problèmes et à prendre des décisions éclairées. Ainsi, elle peut prendre les rênes de sa vie et la diriger de manière plus consciente et sage.

Les femmes éduquées jouent un rôle crucial dans la lutte de la société contre les problèmes de population. Les recherches et les stratégies récentes en matière de population et de développement au Yémen cherchent à établir un lien entre la lutte contre la croissance démographique et l’éducation des filles, considérée comme l’une des conditions essentielles pour que le Yémen atteigne une stabilité en matière de croissance démographique.

L’enseignement supérieur (système de licence) au Yémen a connu une croissance significative depuis la réunification du pays le 22 mai 1990. Cette croissance se manifeste à la fois par l’augmentation du nombre d’étudiants inscrits et par l’expansion des établissements d’enseignement supérieur. Les universités publiques yéménites accueillent aujourd’hui plus de 170 000 étudiants. Si l’on compare ces chiffres à ceux des années 1970, on constate l’ampleur du développement scientifique qu’a connu le pays. À titre d’exemple, dans les années 1970, il n’y avait que deux universités : l’Université de Sana’a et l’Université d’Aden. À leurs débuts, chacune d’elles ne comptait pas plus de 114 étudiants.

Comme dans beaucoup de pays arabes, tels que les pays du Golfe et l’Égypte, le secteur de l’enseignement supérieur privé au Yémen a connu une émergence significative à partir du milieu des années 1990, avec la création de nombreuses universités privées.

 

  • Réalisations exceptionnelles des femmes yéménites dans le domaine de l’enseignement supérieur

L’éducation universitaire des femmes ne pourra révéler tous ses avantages attendus que si elle évolue en termes de qualité, notamment au niveau de l’enseignement supérieur qui doit être axé sur l’employabilité. En effet, cette approche peut refléter la fonction sociale et l’investissement dans l’éducation, tout en répondant aux aspirations personnelles des femmes et en partant de leurs besoins conscients. Elle leur permet ainsi d’acquérir la confiance en leurs capacités à assumer leurs responsabilités dans un rôle complémentaire, et non concurrentiel, avec les hommes, afin de remplir leurs missions et leurs rôles sociaux.

La femme yéménite jouit d’une place de choix dans les domaines académique et de la recherche scientifique, notamment depuis la création de la première unité d’études féminines à l’Université de Sanaa en 1993, qui a évolué pour devenir le Centre de recherche expérimentale et d’études féminines. Ce centre a réalisé des réalisations importantes. De même, le Centre du genre à l’Université d’Aden s’efforce de poursuivre ce succès en plaidant et en mobilisant pour l’égalité des sexes parmi les femmes yéménites en général et les universitaires en particulier. Il met en lumière le besoin urgent de donner aux chercheuses et aux scientifiques féminines les moyens de surmonter les obstacles culturels et sociaux, et de mettre en place des systèmes de soutien, tels que des programmes de mentorat et des appels en faveur de politiques d’égalité des sexes qui renforcent considérablement la présence des femmes dans le monde académique au Yémen.

  • Les rôles et missions des femmes yéménites dans le domaine académique et de la recherche scientifique

La femme yéménite joue un rôle essentiel dans le domaine académique ; elle contribue largement au développement de l’enseignement et de la recherche scientifique. Voici quelques-uns des rôles et des tâches principales qu’elle assume :

 

  1. L’enseignement et l’éducation :

De nombreuses femmes occupent des postes académiques, notamment en tant que membres du corps professoral dans les universités et les collèges, contribuant ainsi à la transmission du savoir et à l’éducation des nouvelles générations.

 

  1. La recherche scientifique :

– Les femmes contribuent activement à la réalisation de recherches et d’études, et à leur publication dans divers domaines scientifiques, ce qui enrichit les connaissances et apporte des solutions aux problèmes sociaux et économiques.

– Elles participent à des conférences et des séminaires scientifiques, ce qui leur donne l’opportunité d’échanger des idées et des expériences avec d’autres universitaires, tant au niveau national qu’international.

 

  1. L’Encadrement académique :

– Les femmes supervisent les projets de fin d’études, les mémoires de master et les thèses de doctorat, contribuant ainsi au développement des compétences en recherche en identifiant, interprétant, analysant et maîtrisant les phénomènes, en obtenant des résultats, en les discutant, en formulant des recommandations et des propositions, et en les présentant aux parties prenantes et aux décideurs.

 

  1. La participation au développement des programmes :
  • Les femmes contribuent au développement des programmes scolaires en les adaptant aux besoins de la société et aux orientations de l’éducation moderne.

 

  1. Le leadership académique :
  • Certaines femmes occupent des postes de direction dans les universités, telles que doyennes de facultés, membres de conseils d’universités et chefs de départements, ce qui contribue à mettre en évidence leurs capacités à prendre des décisions académiques et administratives.

 

  1. L’orientation et le conseil :
  • Les femmes apportent un soutien et un mentorat aux jeunes étudiantes, ce qui les aide à définir leurs parcours académiques et professionnels.

 

  1. La participation aux organisations académiques :
  • Les femmes participent activement à des organisations académiques et à des sociétés savantes visant à renforcer l’autonomisation des femmes dans la conception de la recherche, l’enseignement et le partage des connaissances acquises.

 

  1. L’engagement social :
  • Les femmes académiciennes contribuent à fournir des conseils, des consultations et participent à des événements communautaires, ce qui souligne leur rôle dans l’amélioration des conditions sociales et économiques.

 

  1. Le promotion des droits des femmes :
  • Grâce à leurs recherches et à leur participation à des événements académiques, les femmes contribuent à renforcer les droits des femmes et à débattre de leurs enjeux, ce qui a un impact positif sur l’évolution des perceptions sociétales à leur égard.

 

  1. Le renforcement de la collaboration entre les sexes :
  • Encourager la participation des femmes dans la recherche scientifique favorise la collaboration entre les chercheurs des deux sexes, ce qui soutient la coopération dans les projets de recherche et conduit à de meilleurs résultats.

 

  1. L’élargissement du champ des sujets de recherche :
  • Les femmes contribuent à élargir le champ des sujets de recherche, notamment en ce qui concerne les questions sociales, médicales et environnementales ; elles reflètent ainsi mieux les besoins de la société.

 

  1. Présenter des modèles à suivre :
  • Les femmes scientifiques accomplies constituent des modèles inspirants pour la prochaine génération de chercheuses, encourageant ainsi davantage de filles à se lancer dans la recherche.

 

 

  • Les obstacles et les défis auxquels font face les femmes yéménites dans le domaine académique.

 

La femme yéménite universitaire fait face à une série de défis qui entravent sa quête de réalisation de ses ambitions. Les plus importants sont :

– Les traditions et les perceptions sociales : Certaines communautés yéménites conservent des idées traditionnelles qui limitent le rôle de la femme dans l’éducation et la recherche, ce qui constitue un obstacle à la réalisation de leurs ambitions académiques.

Le manque de soutien familial : Les femmes peuvent faire face à un manque de soutien de la part de leur famille, ce qui affecte leur capacité à persévérer dans les études supérieures.

– Dans certaines régions, les femmes se heurtent souvent à des obstacles (restrictions) limitant leur accès à l’enseignement supérieur, réduisant ainsi leurs chances de poursuivre des études supérieures.

– Le manque d’infrastructures adéquates et de ressources pédagogiques dans certaines universités peut compromettre la qualité de l’enseignement dispensé aux femmes.

–  Les femmes sont confrontées à des discriminations en matière d’emploi et de promotion dans les institutions académiques, ce qui freine leur progression professionnelle.

– Les femmes sont sous-représentées dans les postes de direction et d’administration au sein des universités, ce qui limite leur influence dans la prise de décision.

– De nombreuses femmes sont confrontées à des contraintes économiques qui entravent leur capacité à poursuivre des études supérieures ou des recherches.

– Les femmes sont souvent obligées d’occuper d’autres emplois pour subvenir à leurs besoins financiers, ce qui impacte négativement le temps qu’elles peuvent consacrer aux études ou à la recherche.

  • Certaines régions du Yémen souffrent d’une instabilité sécuritaire qui a un impact sur la mobilité des femmes et leur capacité à participer en toute sécurité à des activités académiques.
  • Il existe un besoin urgent de programmes de soutien spécifiques aux femmes universitaires, notamment en matière de formation, d’orientation et de conseil.
  • Les femmes rencontrent des difficultés pour obtenir le financement nécessaire à leurs recherches, ce qui limite leur capacité à réussir.

Parmi les défis de l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, on retrouve les charges familiales. Les femmes portent un lourd fardeau familial qui réduit leur capacité à se concentrer sur leurs études ou leurs recherches.

 

Autonomisation et vision d’avenir

Les femmes académiciennes yéménites font face à de nombreux défis qui entravent leur progression dans le milieu universitaire. Pour surmonter ces obstacles, des efforts conjoints de la société, de l’État et des institutions éducatives sont nécessaires afin de créer un environnement favorable qui encourage les femmes à réaliser leurs aspirations académiques et professionnelles.

1) Amélioration de l’éducation et de la recherche :

  • De nombreuses femmes s’efforcent avec détermination et confiance d’obtenir des maîtrises et des doctorats dans divers domaines.
  • Il est essentiel de se concentrer sur le développement de recherches qui traitent de questions locales, telles que le développement durable, les droits des femmes et la santé publique.

 

  1. Élargir les réseaux académiques :
  • Sensibiliser davantage sur l’importance de l’éducation des filles et orienter les efforts vers le soutien à l’éducation dans les communautés locales.
  • Mettre en place des programmes de formation et des cours visant à renforcer les compétences académiques et professionnelles des femmes.
  • Mener des recherches sur les questions liées aux droits des femmes ; les femmes universitaires cherchent à mener des recherches mettant en évidence les défis auxquels font face les femmes dans la société et à proposer des solutions concrètes.
  • S’engager dans le dialogue communautaire sur les questions féminines et contribuer à l’élaboration de politiques qui renforcent leurs droits.

 

  1. Développement professionnel continu :
  • Recherche constante à développer les compétences académiques et administratives à travers des ateliers et des formations.
  • Orientation vers l’innovation et l’exploration de nouveaux domaines dans la recherche et l’enseignement, tels que l’utilisation des technologies dans l’éducation.

 

  1. Soutien aux organisations féminines :
  • Participation aux ONG : S’engager dans des organisations de la société civile qui défendent les droits des femmes et développent leur rôle dans le milieu académique.
  • Participation à la vie sociale : Favoriser le rôle de la femme académicienne dans la participation sociale, à travers des événements culturels et sociaux.

 

Résumé :

La femme yéménite constitue un élément essentiel dans le domaine académique. Elle contribue au développement de l’enseignement et de la recherche scientifique, et joue un rôle important dans la société à travers l’éducation, le leadership et la recherche. Les femmes renforcent ainsi leur position et induisent un changement positif dans la société en apportant de nouvelles perspectives, en augmentant le nombre de chercheuses actives et en stimulant l’innovation. Elles contribuent activement au développement des connaissances et réalisent des progrès dans divers domaines académiques.

Les femmes académiciennes yéménites font face à de nombreux défis qui entravent leur progression dans le milieu universitaire. Ces défis peuvent être relevés grâce à des efforts conjoints de la société, de l’État et des institutions éducatives, afin de garantir un environnement favorable qui encourage les femmes à réaliser leurs ambitions académiques et professionnelles.

Les femmes académiciennes yéménites aspirent à réaliser davantage de progrès dans les domaines de l’enseignement et de la recherche, en mettant l’accent sur les enjeux sociaux et les droits humains.

Elles cherchent à améliorer leurs compétences, à renforcer leur leadership et à élargir leurs réseaux. Les femmes s’efforcent activement d’avoir un impact positif sur la communauté académique et sur la société en général.