Afrah Borji – La Femme dans le Développement et la Paix

 

Le rôle des médias dans le traitement de la question du célibat au Yémen est central dans la formation d’une conscience sociale qui vise à changer la perception négative du célibat. En effet, les médias peuvent mettre en évidence et orienter les débats sur les différents aspects sociaux et économiques qui contribuent à l’augmentation des taux de célibat au Yémen.

Les médias yéménites jouent un rôle central dans la formation de l’opinion publique et le soutien des causes sociales. Cependant, le célibat, qui constitue un défi socio-économique profond, ne bénéficie pas de l’attention suffisante dans l’agenda de nombreux médias locaux. Cette absence suscite des interrogations quant aux raisons sous-jacentes et appelle à une analyse plus approfondie pour déterminer si elle reflète des priorités différentes dans la couverture des questions féminines, ou si elle est le résultat de pressions sociales et culturelles limitant une approche franche et profonde de cette question.

Le fait d’ignorer la question du célibat dans les médias yéménites constitue une lacune importante dans la couverture des questions féminines au Yémen. Effectivement, cette question est étroitement liée à de multiples facteurs tels que l’éducation, l’autonomisation économique et le changement des perceptions sociales de la femme. Une couverture complète et objective de ce sujet permettrait de mettre en lumière ses multiples dimensions et d’inciter la société à adopter des solutions innovantes pour y faire face.

Ce rapport vise à clarifier le rôle des médias yéménites dans la sensibilisation à la question du célibat et à évaluer dans quelle mesure ils influencent les comportements et les attitudes de la société à l’égard de cette problématique.

 

Les phénomènes sociaux complexes

La question du célibat est l’un des phénomènes sociaux complexes qui affecte grandement la structure de la société yéménite. Les médias, et en particulier la presse, jouent un rôle crucial et actif dans la formation de l’opinion publique et son orientation vers les questions sociales.

Le journaliste Ahmed Al-Ghanem, qui travaille pour un site d’actualités en ligne, déclare : « La presse offre des analyses approfondies et complètes du célibat au Yémen. Ces analyses se basent sur des chiffres et des statistiques fiables, ce qui contribue à une meilleure compréhension des dimensions du problème. Cette approche scientifique aide les lecteurs à saisir la complexité de la question et son impact sur la société ».

Il a expliqué que la presse cherche à changer la perception négative de la société envers les femmes célibataires et à défier les idées reçues sur le mariage et la femme. Ces efforts contribuent à promouvoir le concept d’égalité des sexes, aidant ainsi à créer un environnement plus favorable pour les femmes non mariées.

Il a également souligné que la presse joue un rôle actif en proposant des suggestions et des solutions pratiques pour relever le défi du célibat, notamment à travers le développement de programmes de sensibilisation communautaire visant à accroître la prise de conscience du public sur cette question et ses causes. La presse encourage aussi la participation active des femmes dans la vie publique, renforçant ainsi leur rôle dans la société et soutenant leurs droits.

Hussein Ahmed (nom d’emprunt), journaliste dans l’un des médias audiovisuels, parle du rôle de la télévision dans la sensibilisation à la question du célibat dans la société yéménite. Il souligne que la télévision est un moyen accessible à la population yéménite, étant présent dans la plupart des foyers, ce qui lui confère une grande capacité d’influence.

Il explique que l’accent mis sur les problèmes sociaux à la télévision est devenu très limité, en raison des événements en cours, tels que les conflits politiques et les crises économiques, qui sont au centre de l’attention de la plupart des chaînes de télévision yéménites. Cela accorde la priorité aux informations et aux programmes politiques au détriment des problèmes sociaux, y compris le célibat.

Il a également souligné que le célibat est une préoccupation importante pour les femmes yéménites et qu’elle affecte l’ensemble de la société. Néanmoins, l’attention portée à ce sujet dans les médias reste limitée. Malgré les défis, certaines chaînes de télévision yéménites s’efforcent de sensibiliser le public à de nombreuses questions, y compris celle du célibat. Cela se fait à travers des programmes sociaux et culturels qui mettent en lumière les conséquences du célibat et les défis qui y sont associés, tout en fournissant une plateforme pour le dialogue et la discussion sur les problématiques sociales, ce qui contribue à changer les attitudes de la société.

 

Les défis

Les médias au Yémen sont confrontés à plusieurs défis lorsqu’il s’agit de mettre en lumière le célibat. Parmi les principaux défis figurent la censure et les restrictions. En effet, les médias subissent un contrôle strict de la part des autorités, ce qui entrave leur capacité à aborder des sujets sensibles tels que le célibat. De plus, des contraintes sociales et culturelles limitent la liberté d’expression concernant les questions liées aux femmes. Les normes et traditions sociales portent également un regard négatif sur les femmes non mariées, rendant la discussion sur le célibat un sujet tabou.

Ahlam Zain, journaliste travaillant pour plusieurs sites médiatiques indépendants, souligne les grands défis auxquels sont confrontés les médias yéménites pour traiter des questions sensibles comme le célibat de manière plus approfondie et transparente. Elle note que la plupart des médias se concentrent fortement sur les nouvelles politiques et sécuritaires, ce qui réduit leur intérêt pour les questions sociales, y compris le célibat. En outre, il existe une crainte des réactions négatives de la part de la société ou des autorités officielles.

Elle a également indiqué que les médias font face à des défis importants dans la couverture du célibat, car celle-ci est influencée par plusieurs facteurs culturels, sociaux, économiques et politiques. La question du mariage et du célibat est considérée comme un sujet tabou dans la société yéménite, ce qui rend difficile l’ouverture d’un dialogue communautaire à ce sujet, que ce soit à travers la presse, la radio ou les programmes de télévision.

Elle a ajouté : « Les familles yéménites craignent la stigmatisation associée au non-mariage des filles, ce qui les pousse à éviter de parler de cette question. Des normes et des traditions fortes existent dans la société yéménite concernant le mariage, ce qui peut entraver la discussion sur des solutions alternatives ou non conventionnelles au problème du célibat ».

Elle a aussi souligné que la pauvreté entraîne une augmentation des coûts du mariage, ce qui rend de nombreux jeunes incapables de se marier, augmentant ainsi le taux de célibat. Par ailleurs, le chômage a un impact significatif sur les opportunités de mariage, car de nombreuses filles préfèrent épouser un homme ayant un emploi stable.

 

Les plans futurs

Un professeur de journalisme à la faculté des lettres de l’Université de Hadramaout (préférant rester anonyme) a évoqué les plans futurs pour lutter contre le phénomène du célibat, en mettant l’accent sur le renforcement des efforts conjoints au niveau gouvernemental et communautaire.

Il a clarifié qu’il est essentiel de travailler au développement de programmes sociaux et économiques en offrant des opportunités d’emploi aux jeunes grâce au soutien des petites et moyennes entreprises, et en encourageant l’investissement comme moyen de renforcer l’économie locale et de créer des emplois. De surcroît, il a souligné l’importance d’améliorer les services de santé, notamment en ce qui concerne la santé des femmes et la maternité, et de fournir une aide financière aux familles pauvres et à revenu moyen pour alléger le fardeau financier, facilitant ainsi leur accès au mariage.

Il a également ajouté : « Il est nécessaire de revoir les lois sur le mariage afin de simplifier les procédures et de fixer un âge légal de mariage approprié, dans le but de promouvoir les droits des femmes dans la société par l’adoption de lois qui les protègent et garantissent leurs droits ».

Yasser Abbas, homme des médias, a aussi présenté au journal « La Femme dans le Développement et la Paix » un ensemble de plans futurs pour les médias. Ceux-ci consistent en une couverture complète du célibat, en se concentrant sur ses causes et ses conséquences sur la société. Il propose de produire des programmes de sensibilisation abordant le mariage et les relations familiales, d’encourager le débat autour de la question du célibat en stimulant l’échange d’opinions et d’idées, et de travailler à créer un environnement de dialogue permettant d’ouvrir les discussions sur des sujets sensibles.

 

Points de vue de journalistes

Mohamed Abdo, qui travaille en tant que journaliste indépendant pour un site d’information, a souligné l’importance du rôle des médias dans le traitement du célibat dans la société yéménite en augmentant la sensibilisation de la communauté. De fait, les médias contribuent à clarifier les véritables raisons du célibat, loin des stéréotypes et des concepts erronés qui peuvent renforcer la stigmatisation associée à la condition de célibataire.

Il a aussi souligné qu’à travers une couverture équilibrée et un dialogue communautaire, les médias peuvent ouvrir la voie à la discussion de solutions réalistes qui atténuent la pression sociale et économique sur les individus.

Il a également précisé que le rôle des médias ne se limite pas à la simple transmission de la réalité, mais s’étend à être un outil de changement des concepts et à inciter les communautés à adopter des politiques et des législations qui soutiennent les jeunes souhaitant se marier et atteindre la stabilité sociale.

Dans le même sens, Abdullah Al-Mirbi, homme des médias, souligne l’importance des médias dans le traitement des questions liées aux dots et aux conditions de mariage dans la société yéménite. Cela peut être réalisé grâce à une couverture médiatique approfondie et complète des questions relatives aux dots, ce qui contribuera positivement à changer la perception négative de la société. Cela pourrait inciter les familles à reconsidérer les conditions de mariage et à s’éloigner des exagérations concernant les dots.

Il souligne que les médias constituent un outil efficace pour diffuser des solutions et des traitements aux problèmes liés aux dots élevées, en présentant les réactions sociales et les conséquences de ces conditions sur la société elle-même. Il propose plusieurs solutions, notamment la nécessité pour les parents de rationaliser la fixation des dots en sensibilisant les pères à travers divers moyens influents, afin qu’elles ne deviennent pas un obstacle au mariage. De plus, il est essentiel de faciliter le processus de mariage pour le rendre plus accessible aux jeunes, ainsi que d’éduquer les filles sur le mariage précoce avec des hommes responsables, ce qui leur permettra de prendre des décisions éclairées.

Dans l’ensemble, il est confirmé que les médias jouent un rôle vital dans le traitement des questions liées au mariage et aux dots, en influençant l’opinion publique et en proposant des solutions pratiques qui contribuent à améliorer les conditions sociales et économiques dans la société yéménite.