Ahmed Bajoaim – La Femme dans le Développement et la Paix

 

Le mariage collectif est devenu l’un des phénomènes sociaux marquants qui se sont répandus dans la société yéménite au cours des dernières années. En raison du conflit et des difficiles conditions économiques qui en découlent, les défis auxquels les jeunes sont confrontés se sont amplifiés, les empêchant ainsi de supporter les coûts d’un mariage individuel. Cela a conduit plusieurs initiatives à jouer un rôle notable dans l’atténuation du phénomène du célibat en organisant des mariages collectifs annuels dans plusieurs gouvernorats du Yémen, offrant ainsi une solution efficace pour alléger les frais de mariage, qui se sont récemment aggravés.

Les mariages collectifs organisés par les organismes, institutions et initiatives communautaires jouent un rôle important dans la réduction des taux de célibat chez les jeunes hommes et femmes. Ces mariages leur offrent l’opportunité de se marier à moindre coût, contribuant ainsi à renforcer la stabilité sociale et à réduire l’impact des pressions financières sur les décisions de mariage.

En outre, ces organismes et institutions, y compris les organisations internationales et celles de la société civile, jouent un rôle clé dans la sensibilisation des communautés locales à l’importance de lutter contre le phénomène du célibat. À travers des campagnes de sensibilisation et des programmes communautaires, elles mettent en lumière les causes profondes de ce phénomène et encouragent la collaboration communautaire pour trouver des solutions pratiques et efficaces.

 

 

La sensibilisation

Ces dernières années, plusieurs organisations de la société civile au Yémen ont joué un rôle important dans l’atténuation du phénomène du célibat, grâce à des initiatives et des efforts visant à traiter cette question. L’une des initiatives les plus marquantes est l’organisation de mariages collectifs, qui permettent aux jeunes hommes et femmes de se marier à des coûts réduits, allégeant ainsi le fardeau financier qui constitue un obstacle majeur au mariage dans le contexte économique difficile du pays.

De plus, les organisations contribuent à sensibiliser la communauté en organisant des campagnes visant à mettre en lumière les coutumes et traditions sociales qui peuvent entraîner des retards dans le mariage, telles que les dots élevées et les coûts excessifs des événements sociaux. Elles s’efforcent également de modifier certaines conceptions culturelles liées à l’âge idéal pour se marier. Certaines de ces organisations, par le biais de programmes ou de partenariats, offrent une aide financière ou des prêts à faible intérêt pour soutenir les jeunes souhaitant se marier, tout en soutenant les femmes à travers des programmes de renforcement économique.

 

Le Croissant-Rouge des Émirats a joué un rôle crucial dans l’organisation des mariages collectifs au Yémen, en particulier pour les nécessiteux et les jeunes en difficulté. Le responsable médiatique de l’Autorité à Hadramaout, Ali Al-Jifri, a souligné que ces initiatives revêtent une grande importance tant sur le plan social qu’économique. Malgré les circonstances difficiles que traverse le Yémen, ces mariages collectifs représentent une opportunité de redonner espoir aux jeunes, en leur montrant qu’il existe des organismes qui se soucient de leurs problèmes et œuvrent pour améliorer leurs conditions de vie et leur stabilité.

 

Il a ajouté : « Ces événements rassemblent différentes catégories de la société, renforçant ainsi les liens sociaux entre les familles et favorisant l’esprit de coopération et de communication entre elles. Ces occasions sont également mises à profit pour sensibiliser à des questions importantes telles que la santé reproductive et les droits des femmes. De plus, le mariage collectif constitue une solution pratique pour ceux qui souhaitent se marier mais qui sont confrontés à des défis financiers, leur offrant ainsi l’opportunité de fonder une famille heureuse ».

Il a souligné que le succès de ces initiatives repose sur une sélection minutieuse des candidats au mariage, qui doivent être capables d’assumer les responsabilités conjugales et les coûts de la vie après le mariage. De manière générale, le mariage collectif représente une démarche positive qui contribue à la stabilité des individus et profite à la société dans son ensemble.

Il a expliqué également que l’Autorité ne se contente pas uniquement d’organiser des mariages collectifs, mais qu’elle propose également une série d’interventions visant à soutenir les jeunes mariés sur plusieurs niveaux. En effet, elle leur offre une aide financière directe, prend en charge une partie des frais de mariage, comme le paiement de la dot à la famille de la mariée, et fournit les articles essentiels aux mariés, tels que des vêtements, des parfums et des accessoires, entre autres.

 

Il a ajouté que l’Autorité s’efforce d’organiser des ateliers et des séances d’information pour les jeunes mariés sur la vie conjugale ainsi que sur les droits et devoirs des époux, dans le but de renforcer leur compréhension des responsabilités conjugales et d’assurer la stabilité de la vie familiale. Elle offre également un soutien psychologique, en particulier aux jeunes qui ont dépassé l’âge de quarante ans et qui n’ont pas pu se marier en raison de difficultés financières ou sociales. De plus, les efforts de l’Autorité ne se limitent pas à la seule phase du mariage, mais se poursuivent après celui-ci pour garantir la stabilité des couples et fournir de l’aide en cas de difficultés rencontrées après le mariage.

 

Cibler la communauté

Dans le gouvernant de Hadramaout et au Yémen en général, les organisations de la société civile organisent des mariages collectifs comme l’un des programmes les plus puissants visant à soulager la communauté, afin d’atténuer un phénomène social devenu une préoccupation majeure pour l’ensemble de la société, à savoir le célibat, et d’aider les jeunes à faire face aux difficiles conditions économiques que traverse le pays.

 

Le 12 juin 2024, une initiative communautaire a organisé un mariage collectif pour 118 mariés et mariées dans le district de Sah, dans le gouvernant de Hadramaout, pour la douzième année consécutive. Selon la page officielle de l’initiative sur Facebook, ces efforts visent à réduire la propagation de l’inactivité conjugale parmi les jeunes de la communauté.

 

Dans ce contexte, l’Autorité a mentionné dans son rapport que l’organisation de mariages collectifs vise à promouvoir les valeurs de solidarité sociale et de coopération entre les membres de la communauté locale. Elle a également salué le rôle des personnalités sociales et des bailleurs de fonds pour le succès de cette initiative collective, qui vise à alléger le fardeau des coûts de mariage pour les jeunes du gouvernant et à soutenir les jeunes dans la construction de leur avenir et leur stabilité dans la vie familiale.

 

Ali Al-Jifri a souligné que le mariage collectif représente le soutien continu du Croissant-Rouge des Émirats aux habitants de notre pays, afin de répondre à leurs besoins et de les aider à faciliter leurs affaires, compte tenu des difficultés que traverse le pays, et d’alléger leur souffrance face aux exigences financières élevées du mariage. L’Autorité a élaboré un plan systématique pour organiser des mariages collectifs dans tout le pays, en soutien aux jeunes qui font face à de grands défis.

 

Dans une statistique obtenue par le journal « La Femme dans le Développement et la Paix », il a été révélé que le Croissant-Rouge des Émirats a organisé environ 23 mariages collectifs ces dernières années, bénéficiant à 4 600 mariés dans plusieurs gouvernants du Yémen. Ces initiatives visent à soutenir les jeunes, à alléger le fardeau financier des familles, ainsi qu’à renforcer les liens sociaux au sein de la communauté.

 

Pour sa part, M. Amr Ghobish, président du Comité des mariages collectifs dans la région d’Aisd Al-Faya, dans le district de Rayda et Qusayr – l’un des districts du gouvernorat oriental de Hadramaout – a déclaré : « Nous avons organisé deux mariages collectifs en 2023 et 2024, dont le nombre de bénéficiaires s’élève à 126 mariés, grâce à des efforts communautaires visant à renforcer les liens familiaux et à aider les jeunes à se marier dans un contexte de difficultés économiques que traverse le pays ».

 

 

Défis et solutions

De nombreuses organisations font face à divers défis dans la mise en œuvre de programmes visant principalement les jeunes, en particulier le phénomène de l’inactivité conjugale au Yémen. Ces défis sont liés à des facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels, ainsi qu’aux traditions et aux coutumes sociales. De plus, l’absence de stabilité politique et sécuritaire a un impact direct sur la capacité des gens à se marier et à fonder des familles. Cela inclut également le manque de sensibilisation communautaire concernant l’importance d’un mariage approprié, les normes tribales et les traditions strictes qui représentent un obstacle à la réduction de l’inactivité conjugale, ainsi que d’autres défis sociaux.

 

Ali Al-Jifri souligne que les conditions économiques difficiles au Yémen ont conduit de nombreux jeunes à renoncer au mariage. C’est pourquoi cette initiative vise à atteindre plusieurs objectifs, parmi lesquels la réduction des coûts du mariage, la facilitation des démarches, la limitation du gaspillage et de l’extravagance lors des événements sociaux, ainsi que la promotion des valeurs de solidarité et de compassion au sein de la communauté. L’initiative cherche également à combattre les attitudes de fierté et de vantardise dans de telles occasions sociales.

 

Il ajoute en disant : « Les défis liés à l’organisation des mariages collectifs résident principalement dans les obstacles culturels et sociaux, notamment la difficulté de synchroniser la date du mariage pour qu’elle convienne à toutes les familles. En outre, certaines familles s’opposent à l’idée de mariages collectifs en raison du manque d’intimité. En effet, l’événement est souvent grand et ouvert à un grand nombre de personnes, ce qui fait disparaître l’atmosphère familiale chaleureuse ».

 

Il a également expliqué que, bien que les mariages collectifs commencent à gagner une acceptation croissante au sein de la communauté, certaines catégories de personnes peuvent encore être réticentes à accepter cette idée dans son intégralité. Avec le temps, une prise de conscience accrue des avantages des mariages collectifs s’est développée, mais certaines personnes continuent de les considérer comme une alternative indésirable par rapport au mariage traditionnel.

 

Il a souligné que les mariages collectifs présentent de nombreux avantages, tels que la réduction des coûts élevés et la facilitation du mariage pour les jeunes à revenu limité, ce qui est essentiel pour encourager la communauté à les accepter. Avec le temps et l’augmentation de la sensibilisation aux bienfaits de ces mariages pour alléger les charges économiques, il est possible de surmonter de nombreux défis.

 

Pour sa part, Amr Ghobish estime que les principaux défis auxquels ils sont confrontés — en tant que comité communautaire chargé d’organiser de tels événements — sont l’absence de soutien officiel pour le mariage collectif. En effet, le comité déploie d’énormes efforts pour trouver le financement nécessaire auprès de plusieurs entités et institutions privées qui soutiennent l’organisation de mariages collectifs visant à réduire le phénomène croissant de l’inactivité conjugale parmi les jeunes, en raison de la situation actuelle du Yémen dans divers domaines. Cela constitue l’un des défis majeurs auxquels le comité communautaire doit faire face.

 

Le rôle des organisations, des comités communautaires, des initiatives et des institutions est crucial pour sensibiliser la société au phénomène de l’inactivité conjugale au Yémen, en tant que problème qui nécessite la solidarité de tous les segments de la société pour y faire face et atténuer ses impacts sociaux et économiques. Cela passe par le soutien et la facilitation des initiatives qui soutiennent le mariage collectif, offrant une alternative économique pour les jeunes, leur permettant de se marier sans les lourdes charges financières associées au mariage traditionnel, et de construire une stabilité familiale.