La femme dans le développement et la paix – Ahmed Bajoaim
La scène médiatique yéménite connaît une formidable expansion dans divers domaines. La femme des médias a un rôle à jouer dans cette dynamique croissante, car elle a des compétences uniques et une expérience de grande qualité, elle a fait ses preuves dans le domaine des enquêtes et des rapports de terrain, et a fourni une couverture complète des conflits, des crises et des évolutions se produisant sur la scène yéménite et peut-être mondiale. Grâce à ces compétences, elle est passée du statut de simple reportrice de terrain à celui de guide pour la plateforme médiatique et participe activement à façonner l’opinion publique sur les questions qu’elle défend.
Bien que la femme yéménite des médias sur le terrain soit confrontée à plusieurs défis dans son domaine de travail, tels que des défis culturels, sociaux et parfois politiques, et qu’elle puisse faire face à des menaces et des violations pendant l’exercice de son travail, son insistance à obtenir justice et à transmettre la vérité au public ne connaît pas de limites.
Dans ce rapport, nous mettrons en lumière les tendances de la femme yéménite des médias en terrain, en analysant son rôle, ses défis et ses contributions à la vie médiatique et sociétale, et en présentant des modèles de réussite qui ont brisé les défis du travail en terrain.
Des modèles féminins dans le travail médiatique
Le Yémen a de nombreuses femmes pionnières à différents niveaux, le quatrième pouvoir a sa part de femmes qui ont fiat des réalisations et reçu des éloges internationaux dans leur domaine de travail médiatique et sur le terrain. Parmi elles, Hadeel Al-Yamani, qui a reçu le Prix du courage du journalisme aux États-Unis en 2017, décerné par la Fondation internationale des femmes dans les médias, en reconnaissance des femmes pionnières des médias du monde entier. Elle a mérité ce prix en tant que journaliste yéménite.
En outre, au cours des dernières années, Maya Al-Absi, femme des médias, a émergé fortement dans le domaine des médias, le public local et arabe l’a connue à travers son célèbre programme de terrain « Taer Al-Saeeda », émis sur la chaîne « Al-Saeeda » au Ramadan pendant cinq saisons consécutives. En outre, Al-Absi a présenté de nombreux programmes populaires de terrain et de dialogue, tels que le programme « Femmes et Paix ».
En plus de son travail médiatique, Maya est une militante sociale et très influente dans le domaine des droits humains. Elle est également chercheuse dans les domaines humanitaires et créatrice de contenu. Elle est comme l’une des femmes des médias à succès au Yémen qui travaille dans ce domaine, surmontant les restrictions sociales et les coutumes et traditions tribales qui affectent grandement la vie de la plupart des Yéménites.
Concernant le pourcentage de la femme yéménite des médias, une étude préparée par le Centre d’études économiques sur les médias publiés en juin 2017 a confirmé que le pourcentage de la femme apparaissant sur les chaînes de télévision yéménites est faible par rapport à l’homme, il atteint 9,7% contre 90,3%. L’étude, intitulée « Étude : La présence de la femme dans les médias yéménites », qui a ciblé sept chaînes yéménites, a souligné que le pourcentage de femmes présentatrices d’informations ou de programmes atteignait 11,7%, tandis que le pourcentage de présence d’hommes atteignait 20,9%.
L’étude a montré que le pourcentage de la femme yéménite sur les chaînes de télévision locales en tant que reportrice sur le terrain est très faible, il est 4,4% du nombre de correspondants de ces chaînes, tandis que celui de l’homme atteint 30,6%. Bien que la présence des femmes yéménites en tant que reportrices sur le terrain soit au cœur du rapport, nous découvrons que les circonstances actuelles du pays, ainsi que les défis sociaux, les coutumes et les traditions du Yémen, peuvent jouer un rôle déterminant dans ce domaine.
L’étude a souligné que le pourcentage de participation de la femme dans d’autres rôles à la télévision, tels que la production d’émissions et d’informations, la photographie, la supervision, la réalisation, l’ingénierie du son et d’autres rôles, est faible. Il constitue un pourcentage qui ne dépasse pas 1,6%, et en revanche, celui de l’homme atteint 18,6%. Les femmes sont également totalement absentes du métier de préparatrice d’émissions de télévision et d’informations, entièrement dominé par les hommes.
L’étude en formulant plusieurs recommandations qui permettraient d’augmenter le pourcentage de la femme dans les chaînes de télévision, dont : Travailler à atteindre l’équilibre entre les deux sexes dans le travail télévisuel, parce que la femme possède tous les éléments de créativité et d’excellence, en lui offrant une formation et des qualifications professionnelles et en lui offrant la possibilité d’occuper des postes de direction dans les institutions et les chaînes médiatiques.
Des opinions des femmes des médias dans le domaine
Maha Ali, reportrice de la chaîne « Belqis » Taïz, a déclaré : « Le travail d’une femme des médias en tant que reportrice de terrain est un grand défi à la lumière de la situation actuelle au Yémen. Elle a de difficulté d’avoir des informations et de couvrir tous les lieux ou tous les événements, y compris les histoires humaines. Cependant, le travail de terrain est une opportunité pour la femme yéménite des médias de mettre en valeur toutes ses capacités et de jouer un rôle important, car c’est dans l’adversité que naît l’espoir. La presse et les médias sont un métier de trouble. Alors, comment une reportrice de terrain peut-elle faire face à cela au milieu de la situation de conflit en cours au Yémen, depuis plusieurs années ?! ».
Maha Ali ajoute : « Notre société yéménite maintient encore de nombreuses coutumes et traditions qui ne limitent peut-être pas les capacités de la femme, mais elles croient que l’homme est plus adapté et plus digne de ce métier. De plus, travailler comme correspondant de terrain n’est pas exclusif à l’homme, la femme peut s’aventurer dans ce métier avec compétence. La femme des médias est capable de faire atteindre des sujets d’opinion publique auxquels les hommes ne peuvent peut-être pas accéder, comme les questions féminines. La femme en question fournit des informations en toute confiance à la reportrice, contrairement au correspondant qu’elle évitera ».
De son côté, Naaim Khaled, reportrice de la chaine d’Aden à Taïz, explique : « Il n’est pas facile pour la femme d’entrer dans le domaine des médias, surtout en terrain, dans lequel des segments de la société voient des opinions différentes sur le travail de la femme et sa présence dans tous les domaines. Les niveaux d’acceptation du travail de la femme dans l’éducation, la santé et d’autres secteurs varient, mais sa présence en tant que reportrice de terrain est souvent perçue comme dérangeante. La femme des médias ou les reportrices de terrain font face à de nombreuses critiques lorsqu’elles recueillent des informations et des témoignages pour leurs reportages, surtout en notre société yéménite conservatrice ».
Elle a ajouté : « La visite de reportrice de terrain aux projets ou les déplacements pour obtenir des informations sur des projets d’intérêt pour la société la mettent sous un regard d’étonnement et de désapprobation. En raison de mon long travail de reportrice de télévision, qui a plus de 9 ans, j’avais l’habitude de remarquer que des femmes apparaissaient avec moi sur le terrain pendant des mois ou une certaine période, puis disparaissaient de la scène. Cela est dû à la situation du pays et à l’influence des paroles et des critiques de la société ». Soulignant que ces jours-ci, il y a une acceptation relative du travail de la femme en tant que reportrice de télévision dans de nombreux gouvernorats yéménites et l’acceptation des femmes à travailler dans tous les domaines, y compris les médias.
Dans le même contexte, Hadba Al-Yazidi, reportrice de la chaîne Al-Saeeda à Mukalla, souligne que la femme des médias de terrain a de nombreux défis, notamment les anciens coutumes et traditions que la communauté locale entretient encore. Étant la première femme à Hadramaout à travailler comme reportrice pour la chaîne, j’ai fait face à de nombreuses critiques, les gens n’ont pas accepté cela, même mes collègues journalistes au début. L’un des défis est la difficulté de se déplacer d’une région à l’autre, l’un des membres de la famille doit être accompagné en tant que « Mahram ». Ces difficultés font partie des facteurs qui restreignent la liberté de reportrice sur le terrain, ce qui affecte le matériel médiatique et sa qualité.
Al-Yazidi a ajouté : « En ce qui concerne le travail de la femme en terrain, elle est comme n’importe quelle autre femme travaillant dans n’importe quelle institution gouvernementale ou privée, sauf qu’elle porte une caméra avec elle pendant qu’elle transmet sur des écrans la souffrance des gens de sa région et fait apparaitre les préoccupations de la femme de tous les aspects. Donc, la société est censée encourager la femme travaillant dans cette profession, surtout la jeune reportrice, en raison de sa grande capacité à transmettre la souffrance et les préoccupations des gens, ainsi que la souffrance des femmes et les conditions qu’elles vivent en raison du conflit. Le travail des médias dans les circonstances actuelles est extrêmement difficile, et encore plus difficile pour une fille qui travaille comme reportrice de terrain ».
Les sujets les plus importants
Maha Ali a mentionné que l’un des sujets et des reportages les plus importants concerne les histoires humaines, surtout celles liées à la femme elle-même, telles que les maladies qui l’affectent, comme le cancer et l’insuffisance rénale, le mariage des mineures et les problèmes de la femme enceinte, comme la malnutrition et d’autres. De plus, la difficulté d’accéder aux services de base tels que la santé, l’éducation et autres, aussi de couvrir la situation de la femme déplacée vivant dans les zones situées sur les lignes de contact, soutenant sa famille, et tout ce qui s’applique à la situation humanitaire au Yémen.
Elle poursuit : « Parmi les sujets que nous travaillons à couvrir figurent également les développements politiques, les conditions économiques au pays et tout ce qui est dans le cadre de la situation yéménite abordée et couverte de manière continue ». Notant que la reportrice de terrain dans la ville de Taïz dispose de suffisamment d’espace, ou est meilleur que dans les autres gouvernorats, pour couvrir l’actualité quotidienne dans toutes ses directions, en toute liberté. Le but de cet espace est que la société ait une bonne vision de la femme des médias et de l’événement transmis.
A ce propos, Naaim Khaled dit : « Avec la situation actuelle, la femme des médias ou la reportrice de terrain de la chaîne ne peut s’intéresser à rien de précis. Elle doit plutôt rapporter les événements tels qu’ils se déroulent, qu’ils soient d’ordre humanitaire ou autre. En plus de mettre en lumière les violations affligeant la société yéménite en raison des conflits armés et des aspects sociaux et politiques. De plus, la femme des médias de terrain est celle qui aborde tous les sujets sans exception, elle est l’œil de la société sur le terrain ».
Alors qu’Al-Yazidi déclare : « Pour nous, en tant que reportrices, nous avons des sujets spécifiques à présenter sur la chaîne, qui sont des sujets intrinsèquement qui concernent les citoyens, transmettent leurs souffrances et leurs préoccupations, et la femme vit la plus grande souffrance. Nous transmettons également des sujets positifs tels que les innovations des jeunes et les initiatives sociales, que nous présentons dans notre programme » L’écho de la semaine » ou dans d’autres bulletins d’information ».
Face à la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, la femme yéménite des médias joue un rôle important en véhiculant la souffrance et les histoires humaines dont souffrent les gens, en particulier les femmes. Sa présence en tant que reportrice de terrain est un atout précieux pour donner une image fidèle de ce qui se passe dans le pays. De plus, le travail de la femme des médias sur le terrain donne l’impression qu’elle est capable de travailler en toutes circonstances, et qu’elle a la capacité de supporter et de surmonter toutes les difficultés.