La Femme dans le Développement et la Paix – Alia Mohammed
La constitution yéménite garantit l’égalité entre hommes et femmes, ainsi que l’État assure l’égalité des opportunités pour tous les citoyens sur le plan politique, social, économique et culturel. La loi des partis et groupes politiques ainsi que la loi électorale confirment le droit des femmes à participer à la vie politique.
Malgré les succès et les changements positifs réalisés par la femme ces dernières années à différents niveaux, les indicateurs et les statistiques disponibles montrent encore un faible niveau de participation politique de la femme yéménite et une limitation de son rôle dans divers domaines de la gestion des affaires publiques du pays, y compris sa représentation dans le corps diplomatique. La participation des femmes à la prise de décision enrichit le processus démocratique et contribue à trouver des solutions efficaces aux défis rencontrés par la société.
Ce rapport met en évidence le statut de la femme yéménite dans le travail diplomatique, la vision d’avenir de sa présence d’un point de vue sociétal, ainsi que les mécanismes et programmes qui renforcent son rôle et son travail dans le domaine diplomatique.
Une faible représentation
Au Yémen, la représentation des femmes dans le domaine diplomatique yéménite est l’une des questions les plus importantes qui nécessitent un traitement sérieux et une vision d’avenir pour développer des mécanismes de sélection de personnalités féminines compétentes pour travailler dans ce domaine. Les statistiques indiquent que les femmes yéménites souffrent d’un manque de représentation aux postes diplomatiques et que certains facteurs culturels entravent leur participation dans ce domaine.
Selon les rapports des NU pour le développement et la femme, de légers progrès ont été notés ces dernières années dans la participation des femmes yéménites au corps diplomatique, mais ces progrès sont encore faibles. Le rapport, publié par les NU en 2020, indique également que seulement 14% des ambassadeurs permanents du Yémen auprès des NU sont des femmes.
Aida Ashour, membre du Comité national pour la femme, estime que le corps diplomatique est un domaine efficace dans le processus de renforcement des relations communes entre les pays. La femme yéménite continue de s’imposer comme partenaire active dans ce domaine, malgré l’exclusion et la marginalisation dont elle est victime.
Elle dit : « La participation de la femme au corps diplomatique est l’une des étapes importantes vers la réalisation de l’égalité entre la femme et l’homme. La femme yéménite s’efforce de surmonter bon nombre des difficultés qui entravent son chemin de développement pour renforcer son rôle dans le domaine diplomatique qui a été pendant des années l’apanage des hommes. Cependant, la présence de la femme dans ce domaine est encore très limitée au niveau d’une représentation diplomatique juste et égale ».
Dans sa parole, elle a également souligné la nécessité de renforcer le rôle de femme yéménite dans le domaine diplomatique, parce qu’elle a de grandes compétences grâce auxquelles elle peut représenter le pays dans tous les forums internationaux.
D’autre part, Arwa Fadl, militante des droits de l’homme, a souligné que la présence des femmes aux postes diplomatiques est un indicateur important qui reflète le développement et le changement de la société en général. Cependant, la femme yéménite est encore confrontée à de nombreuses difficultés pour accéder à ce domaine, dont les emplois étaient auparavant monopolisés par l’homme.
Elle a ajouté : « Malgré les modifications apportées à certaines lois et la mise en œuvre de politiques visant à encourager la participation des femmes aux activités diplomatiques, le pourcentage de représentation des femmes dans le corps diplomatique yéménite reste faible. Les femmes ont des difficultés pour obtenir des opportunités égales et équitables de participer à la prise de décision et de représenter le pays à l’extérieur, en raison des valeurs et croyances sociales existantes. En outre, des idées de sexisme existent toujours dans la société, ce qui entrave la participation de la femme au travail diplomatique ».
« Les femmes au Yémen ont des défis culturels, juridiques, sécuritaires et politiques qui limitent leurs opportunités de participation diplomatique ». C’est ce qu’a confirmé Marwa Wahdan, diplômée du département de sciences politiques de l’Université d’Aden. Elle a souligné la faible représentation de la femme yéménite dans le corps diplomatique, en raison de divers facteurs qui entravent son combat dans le domaine diplomatique. Cela inclut l’accent mis sur l’expérience dans le recrutement dans le secteur diplomatique, ce qui constitue un obstacle à la participation des nouvelles femmes dans le domaine qui aspirent à prouver leur valeur dans le travail diplomatique, les poussant ainsi à rechercher d’autres opportunités professionnelles.
La jeune femme a également ajouté que le favoritisme dans l’emploi représente un autre défi à la présence des femmes dans le corps diplomatique, car les recrutements se font souvent sur la base du favoritisme plutôt que de la compétence. De plus, les femmes au Yémen font face à une culture et une société répressives, où une femme travaillant dans le domaine diplomatique est perçue de manière négative. Beaucoup de familles refusent que leurs filles poursuivent une carrière dans ce domaine en raison de la mauvaise réputation qui pourrait nuire à la fille et à la famille elle-même. Elle a affirmé que ces restrictions sociales constituent un grand obstacle à la représentation des femmes yéménites dans le domaine diplomatique.
Un avenir conditionnel
Les NU ont déclaré, dans leur rapport publié en 2023, sur « L’avenir des femmes dans le travail diplomatique », que le domaine diplomatique reste encore largement dominé par les hommes à l’échelle mondiale.
L’organisation a noté dans son rapport que les pouvoirs diplomatiques exercés par les dirigeants aux plus hauts niveaux de l’État restent majoritairement entre les mains des hommes, et que le domaine des affaires étrangères reste dominé de manière disproportionnée par les hommes.
Concernant la perspective future de la femme yéménite dans le corps diplomatique, Ashour dit : « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle phase de paix au Yémen, avec des signes indiquant la fin du conflit et l’établissement d’une paix globale et durable. Donc, la femme yéménite aura une participation plus large, non seulement dans le domaine diplomatique, mais dans tous les domaines (le gouvernement et les trois autorités). Il n’est pas exclu qu’elle joue un nouveau rôle de leadership à l’échelle nationale. Dans cette perspective, nous nous réjouissons de l’avenir prometteur de la femme dans le corps diplomatique ».
Elle a affirmé que l’avenir de la femme yéménite dans le corps diplomatique est prometteur et proche, grâce à l’existence d’une volonté politique qui croit à la participation de la femme et à sa capacité de prendre des décisions. Cela se manifeste par l’interaction de la direction politique au Yémen avec les compétences et les capacités des femmes dans différents domaines importants, en mettant l’accent sur le changement de mentalité, la réalisation de l’égalité, la fourniture d’opportunités appropriées, la protection légale des femmes, leur droit à une représentation diplomatique pour le Yémen, et la nomination d’ambassadrices et de chargées d’affaires selon les critères requis.
Pour sa part, Wahdan a déclaré qu’ignorer le rôle de la femme dans le domaine diplomatique et sous-estimer son statut entraînerait une grande perte de cadres féminins possédant l’expérience et les compétences nécessaires pour apporter des changements dans la situation actuelle et future.
Elle a également souligné que l’avenir de la femme dans le corps diplomatique connaîtra un changement significatif si un effort de coopération gouvernementale et sociétale est réalisé pour renforcer les droits de la femme et lui donner une plus grande autonomie politique et diplomatique. Cela peut être réalisé en fournissant un soutien, une assistance et une orientation pour aborder la situation de femme dans différents domaines, en mettant en place divers programmes de formation pour attirer les compétences féminines et exploiter leurs capacités au bénéfice du Yémen.
Autonomiser la femme diplomatiquement
La présence de la femme yéménite dans le corps diplomatique, ainsi que son soutien et l’augmentation de sa participation, constituent une étape positive vers l’autonomisation de la femme yéménite dans les relations diplomatiques. En 2019, le gouvernement yéménite a publié la décision numéro 40 concernant la participation des femmes dans toutes les institutions gouvernementales, dans le but d’augmenter la présence de la femme dans le secteur public de 30%. Cependant, cette décision n’a pas été suffisante pour garantir une augmentation du nombre de femmes travaillant dans le domaine diplomatique. Cela nécessite des efforts intensifs de la part des gouvernements, des organisations de la société civile et des organisations internationales pour proposer des solutions supplémentaires et prendre des mesures visant à accroître la représentation des femmes dans la diplomatie yéménite et à renforcer leur participation.
Concernant les mécanismes visant à renforcer la participation de la femme au travail diplomatique, Marwa Wahdan a souligné la nécessité pour l’État de prendre des mesures pour réaliser le changement et promouvoir l’égalité de deux sexes, en augmentant le niveau de conscience de la société sur l’importance du rôle et de la participation de la femme, en organisant des ateliers ou des forums qui discutent des défis de la femme dans le domaine diplomatique.
Elle a ajouté qu’il est essentiel pour les institutions et les organisations diplomatiques de mettre en place des politiques claires visant à promouvoir l’égalité de deux sexes, à nommer des femmes à des postes de direction et importants, à renforcer la transparence et la surveillance en ce qui concerne la répartition des opportunités d’emploi et les promotions, et à garantir l’absence de discrimination sexiste. De plus, il est nécessaire de fournir des opportunités de formation et de développement professionnel pour la femme dans les relations internationales et diplomatiques, ainsi que de mettre en place des programmes de formation spécifiques visant à développer les compétences diplomatiques et de leadership, et à renforcer la confiance en soi.
D’autre part, Arwa Fadl a souligné l’importance d’améliorer les conditions de sécurité et d’éducation afin que la femme yéménite puisse participer efficacement au corps diplomatique, en plus d’assurer la protection juridique et sociale de la femme qui y travaille.
Elle a souligné qu’il est nécessaire de travailler pour assurer une égalité et une justice à l’égard de la femme dans le corps diplomatique en luttant contre les préjugés et la discrimination, en offrant des opportunités éducatives et de formation, et en autonomisant la femme dans des domaines liés à la diplomatie tels que la politique, le droit et les relations publiques, afin de développer ses compétences et ses expériences, et de créer une communauté diplomatique plus diversifiée et représentative.