La Femme dans le Développement et la Paix – Yomna Ahmed

 

Dans l’ensemble, l’entrepreneuriat contribue de manière significative à l’autonomisation économique des pays ; il augmente le produit intérieur brut, dynamise le secteur privé et crée de nouveaux emplois, ce qui contribue à réduire le chômage et, par conséquent, à diminuer les taux de pauvreté dans la société. En outre, il favorise le commerce intérieur et extérieur, attire les investissements, améliore les ressources locales et offre de nombreux autres avantages qui font de l’entrepreneuriat l’un des principaux facteurs de stabilité économique pour tout pays.

Le Yémen a souffert pendant des années d’une instabilité économique, notamment après le début du conflit qui a directement causé une détérioration de la situation financière et un ralentissement de la croissance économique. Cela a entraîné une augmentation des taux de chômage et une aggravation de la pauvreté dans le pays. Le conflit a également détruit les infrastructures économiques et sociales, réduit la production et provoqué l’effondrement de divers secteurs économiques tels que l’agriculture, l’industrie et le commerce. Les investissements et le commerce extérieur ont été négativement impactés, avec une interruption du financement extérieur et une diminution du volume des échanges et des exportations, compliquant encore davantage la situation économique du pays. Tout cela fait de l’entrepreneuriat l’un des moyens les plus importants pour sauver l’économie yéménite et améliorer les revenus des individus.

Pour y parvenir, il est essentiel de garantir que tous les membres de la société aient des chances égales dans le domaine de l’entrepreneuriat, y compris les femmes, dont la participation dans le secteur des affaires et des projets a considérablement augmenté ces dernières années. En effet, de nombreuses femmes d’affaires yéménites ont réussi à mener à bien leurs propres projets, contribuant ainsi de manière significative à l’autonomisation économique, à l’augmentation du produit intérieur brut et à l’égalité des chances en matière d’emploi. Toutefois, malgré ces avancées, de nombreux défis et obstacles subsistent, entravant une plus grande participation des femmes yéménites dans le domaine de l’entrepreneuriat. Ces obstacles incluent le manque de soutien, l’absence d’opportunités, les contraintes culturelles, et bien d’autres encore.

À cet effet, l’Unité d’information et de sondage de YIC a mené une enquête intitulée « Les Femmes d’Affaires et Leur Autonomisation Économique au Yémen » afin de recueillir les avis d’un échantillon de la population yéménite sur la participation des femmes à l’entrepreneuriat au Yémen. Cette enquête visait à évaluer l’importance de cette participation pour l’amélioration de l’économie locale et à identifier les principales difficultés et obstacles rencontrés par les femmes d’affaires au Yémen.

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 134 personnes, dont la majorité étaient des femmes, représentant 67,9% des participants, contre 32,1% d’hommes. Les tranches d’âge des répondants étaient variées : 42,5% étaient des jeunes âgés de 26 à 35 ans, 35,8% avaient entre 18 et 25 ans, 17,2% avaient entre 36 et 45 ans, 3,7% avaient entre 46 et 65 ans, et seulement 0,8% avaient plus de 65 ans.

Quant au niveau d’études, la majorité des participants étaient titulaires d’une licence, représentant 44%, suivis de près par ceux ayant un diplôme de troisième cycle à 42,5%. Les étudiants universitaires constituaient 8,2% des répondants, 3,7% avaient un diplôme d’études secondaires, et seulement 1,6% avaient un diplôme d’études secondaires inférieures ou moins.

En ce qui concerne la répartition géographique de l’enquête, l’échantillon provenait de onze gouvernorats : Sana’a avec 61,2%, Taïz avec 14,9%, Al-Hodeïda avec 10,4%, Aden avec 4,8%, Ibb avec 3,7%, Hadramaout avec 1,2%, et seulement 0,7% pour chacun des gouvernorats de Dhamar, Amran, Ma’rib, Abyan et Chabwa.

 Les résultats principaux

Dans un premier temps, nous avons demandé aux participants à l’enquête s’il était possible pour une femme de devenir une femme d’affaires au Yémen. 92,5% d’entre eux ont répondu « Oui », tandis que 6% ont déclaré qu’ils ne croyaient pas qu’une femme yéménite puisse devenir une femme d’affaires. Quant aux 1,5% restants, ils ont indiqué qu’ils n’avaient aucune idée sur la question.

Quant aux contributions des femmes d’affaires yéménites à l’autonomisation économique au Yémen, 92,5% des répondants ont affirmé que les femmes yéménites y jouent un rôle important grâce à* : *

  • La réduction des taux de chômage, à hauteur de (82,1 %).
  • L’augmentation du produit intérieur brut, à hauteur de (67,9 %).
  • La réalisation de l’indépendance économique, à hauteur de (31,3 %).
  • La dynamisation des industries locales, à hauteur de (27,6 %).
  • L’amélioration des niveaux de vie, à hauteur de (23,9 %).

Tandis que 7,5% ont déclaré que les femmes d’affaires ne contribuent pas à l’autonomisation économique au Yémen.

Lorsqu’on parle du soutien que reçoivent les femmes d’affaires au Yémen de la part du gouvernement et de la société, 73,9% des participants ont déclaré qu’il était adéquat, tandis que 26,1% estimaient qu’il n’était pas du tout adéquat.

Il est indéniable qu’il existe de nombreux défis auxquels sont confrontées les femmes dans le domaine des affaires au Yémen, selon les participants à l’enquête, notamment* :

  • La discrimination sexuelle et culturelle, à hauteur de 72%.
  • Le manque d’opportunités, à hauteur de 60,4%.
  • Les difficultés d’accès au financement, au soutien financier et au capital, à hauteur de 50%.
  • Le manque de soutien gouvernemental et de législations inadéquates, à hauteur de 32,1%.

En guise de conclusion, les participants à l’enquête ont convenu que la présence des femmes dans le domaine des affaires au Yémen contribuerait grandement à l’autonomisation économique dans le pays, et serait l’un des facteurs les plus influents pour résoudre la crise économique au Yémen.

 

*  Une question à choix multiples a été analysée, chaque réponse à cette question – considérée comme un échantillon distinct – a été évaluée à un pourcentage estimé à 100%.