La Femme dans le Développement et la Paix – Alia Muhammed

 

Le conflit au Yémen pose de grands défis à l’autonomisation économique de la femme. Cela nécessite des interventions humanitaires et de développement de la part des organisations internationales et des organisations de la société civile, visant à autonomiser les femmes et à améliorer leur situation économique. Donc, les organisations internationales et locales au Yémen ont joué un rôle essentiel en orientant les politiques économiques et sociales vers le soutien aux femmes et le renforcement de leur rôle dans le développement durable, en fournissant le soutien financier et technique nécessaire à la mise en œuvre de ces projets.

L’importance du rôle des organisations internationales dans ce contexte découle de la nécessité de renforcer le rôle et les capacités des femmes dans le développement économique et de leur créer des espaces sur le marché du travail. Parmi les projets soutenus par les organisations internationales pour autonomiser économiquement les femmes yéménites, on trouve l’octroi de petits prêts aux femmes rurales pour pouvoir créer leurs propres projets, et la fourniture de formations et de qualifications professionnelles pour accroître les opportunités d’emploi des femmes dans divers secteurs économiques. Les organisations internationales cherchent également à promouvoir les droits des femmes dans le domaine du travail et à encourager l’égalité de deux sexes dans les opportunités économiques.

Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) est l’une des organisations internationales les plus importantes qui ont apporté un soutien aux femmes dans le domaine de l’autonomisation à travers plusieurs programmes mis en œuvre par l’intermédiaire de ses partenaires au Yémen issus d’organisations de la société civile.

L’Organisation a proposé aux femmes yéménites des projets visant à développer leurs capacités à posséder et à exploiter avec succès leur propre entreprise. Le programme de redressement et de développement économiques a amélioré l’accès des femmes et des filles aux services de base et a fourni des emplois d’urgence et des opportunités de revenus. En outre, l’organisation a fourni des solutions de développement durable à long terme qui autonomisent les femmes et les connectent à de nouveaux secteurs.

Dans un contexte connexe, CARE au Yémen a travaillé à la mise en œuvre de programmes visant à réduire la pauvreté et à promouvoir la justice sociale. L’organisation a travaillé dans 12 gouvernorats yéménites, a fourni une assistance dans des situations d’urgence et a concentré ses programmes sur divers secteurs, dont le plus important est l’autonomisation économique. En outre, l’Union européenne est un leader mondial dans la promotion de l’égalité de deux sexes au Yémen et s’engage à autonomiser les femmes yéménites et à promouvoir leur intégration dans tous les domaines. Elle considère cela comme l’une des priorités stratégiques placées au cœur de la participation au Yémen.

L’Union européenne s’est particulièrement attachée à autonomiser les femmes et à promouvoir leur inclusion dans tous les domaines, de l’éducation aux soins de santé, en passant par la résilience économique et l’adaptation au climat. L’Union a souligné l’importance de l’autonomisation des femmes yéménites dans son rapport publié en 2024 intitulé « L’autonomisation des femmes yéménites fera la différence ».

Le rapport explique que l’autonomisation des femmes est essentielle pour construire des sociétés capables de résilience face aux crises. Les femmes sont considérées comme un élément du développement local et de la résilience économique, il est donc dans l’intérêt public d’ouvrir la voie aux capacités et au potentiel des femmes.

L’Union européenne a félicité les femmes yéménites dans chaque foyer, ferme, école, hôpital et institution privée et publique, qui continuent de lutter pour assurer le bien-être de leurs familles et de leurs communautés malgré tous leurs défis rencontrés. Le rôle des femmes yéménites est considéré comme la clé de la résilience de leurs communautés face aux crises.

Le rôle des organisations de la société civile

La société civile se caractérise par son rôle vital et efficace dans la promotion de l’autonomisation économique des femmes. Elle contribue à apporter le soutien nécessaire pour lancer et accompagner des projets d’autonomisation des femmes, construire leurs projets économiques et développer leurs compétences pratiques.

Les organisations de la société civile comptent parmi les acteurs les plus importants qui offrent aux femmes yéménites de nouvelles opportunités pour améliorer leur participation au secteur économique. Un certain nombre d’organisations de la société civile ont fourni un soutien financier, technique et de formation aux femmes et ont contribué à les sensibiliser aux questions d’égalité des sexes et à leurs droits économiques et sociaux, en les encourageant à participer à la prise de décisions liées à leur indépendance financière.

La Fondation Tamdeen pour les jeunes représente un modèle d’organisation de la société civile yéménite efficaces dans l’autonomisation économique des femmes. Elle a mis en place plusieurs projets d’autonomisation économique au Yémen, dont le projet d’autonomisation économique des femmes qui a aidé 200 femmes de moins de 35 ans à établir de petites entreprises.

Outre le projet de résilience rurale, qui a mis en place 375 projets privés pour 375 jeunes femmes dans les gouvernorats d’Abyan et de Taïz, et a formé 50 femmes côtières dans les villes d’Al-Khoukhah et d’Al-Hodeïda aux compétences de tissage de filets de pêche, de la production d’encens et de parfums, et leur a fourni les outils nécessaires pour démarrer leurs propres petits projets.

La Fondation a mis en place un projet visant à soutenir l’autonomisation des jeunes femmes pour améliorer leurs moyens de subsistance. Le projet a formé 280 jeunes femmes dans les domaines de la production laitière, de l’apiculture, de la couture et de la broderie. De plus, des subventions financières ont été accordées à 175 bénéficiaires. Par ailleurs, un projet d’autonomisation des femmes dans le secteur de la pêche à Aden a été mis en œuvre. Ce projet vise à former et à habiliter 50 femmes issues des communautés de pêcheurs les plus vulnérables dans les régions de Fuqum, Ras Amran, Al-Khaissa dans le district d’Al-Buraiqa à Aden. Les domaines de formation comprennent le tissage de filets de pêche, la préparation de fruits de mer, la gestion des affaires, ainsi que la fourniture d’outils nécessaires pour créer leurs propres petits projets.

Hussein Al-Suhayli, fondateur de la Fondation Tamdeen, déclare : « La Fondation a joué un rôle essentiel dans l’autonomisation économique des femmes au Yémen en mettant en œuvre plusieurs projets et programmes visant à renforcer les compétences en entrepreneuriat. Elle offre des formations intensives en entrepreneuriat et en gestion de petits projets en utilisant les méthodologies de l’Organisation internationale du travail (OIT). De plus, elle fournit des subventions financières aux femmes pour les aider à établir leurs propres projets, contribuant ainsi à la création de nouvelles opportunités d’emploi et à l’amélioration de leur niveau de vie ».

Il a ajouté que la Fondation organise des programmes de formation professionnelle pour développer les compétences des femmes dans divers domaines, tels que : l’industrie laitière, la couture et la broderie, la coiffure, la pâtisserie, l’apiculture, l’encens, le tissage des voiles des bateaux de pêche et l’entretien téléphonique. Elle a également fourni un appui technique, un suivi, des conseils et une orientation aux femmes pour assurer la réussite et le développement de leurs projets. La Fondation cherchait aussi à relier les produits des femmes aux marchés locaux, ce qui les aide à commercialiser leurs produits et à réaliser des bénéfices.

Dans sa parole, Al-Suhayli a souligné l’importance de l’autonomisation économique des femmes au Yémen, en déclarant : « L’autonomisation économique des femmes au Yémen est essentielle pour atteindre la justice sociale, le développement durable, la construction de la paix et la stabilité dans un pays dévasté par les conflits. Les entreprises détenues par des femmes jouent un rôle important dans la croissance économique et la création d’emplois. L’autonomisation des femmes d’affaires peut avoir un impact positif et significatif sur l’économie et la société dans leur ensemble ».

Il a également déclaré que le processus d’autonomisation économique des femmes au Yémen a de nombreux défis, notamment : le taux élevé de pauvreté, qui impose un lourd fardeau aux familles et limite la capacité des femmes à participer aux activités économiques. À la lumière du conflit, les souffrances des femmes se sont accrues, elles ont perdu de nombreuses opportunités d’emploi, ont été exposées au sans-abrisme et au déplacement, et l’intérêt des autorités gouvernementales pour les projets économiques des femmes a diminué. Un autre défi est l’absence d’une stratégie unifiée réunissant toutes les institutions et organisations concernées par l’autonomisation économique des femmes au Yémen, ainsi que le manque de coordination et d’intégration des efforts de nombreuses institutions et organisations.

Il continue en disant : « L’exclusion de la moitié de la société du marché du travail et de la prise de décision est non seulement absurde, mais aussi une forme de discrimination à l’encontre des femmes. C’est pourquoi toutes les parties concernées au Yémen doivent travailler ensemble pour garantir l’autonomisation économique des femmes et réaliser la justice sociale ».

Dans un contexte connexe, l’Union générale des femmes yéménites est l’une des organisations de la société civile efficaces dans la promotion des droits civils et de l’autonomisation économique des femmes. Depuis sa création, l’Union des femmes du Yémen a joué un rôle important dans l’autonomisation des femmes yéménites et l’amélioration de leur statut dans la société, en fournissant de nombreux services, programmes ciblés et projets qui soutiennent l’autonomisation économique des femmes, dont les plus importants sont des projets de petits prêts pour les femmes, les programmes de formation professionnelle et les soins de santé. Elle s’efforce également d’élargir la portée de son travail et de fournir davantage de soutien aux femmes yéménites dans divers gouvernorats yéménites.

Sawsan Al-Shadadi, directrice des projets d’autonomisation économique à l’Union générale des femmes yéménites, dit : « L’autonomisation économique est l’un des projets les plus importants qui bénéficient aux femmes. À l’Union des femmes du Yémen, nous nous efforçons de renforcer l’autonomie des femmes et de soutenir leurs capacités afin qu’elles puissent contribuer de manière active au développement durable, en utilisant leurs expériences et leurs compétences. Nous visons à faire des femmes un partenaire essentiel dans le développement économique, social et culturel ».

Elle a ajouté : « L’Union des femmes du Yémen dispose de plus de 13 espaces d’autonomisation au niveau du gouvernorat, où les femmes sont qualifiées et formées, les besoins du marché sont étudiés et elles sont habilitées à s’approprier leurs propres projets ».

Dans sa parole, elle a souligné les difficultés les plus importantes des organisations de la société civile, qui les empêchent de poursuivre leurs projets d’autonomisation économique, représentées par le manque de financement et de soutien suffisants pour mettre en œuvre tous les projets d’autonomisation, en plus de cela, la difficulté d’obtenir un soutien technique et consultatif et une saturation du marché.

Des recommandations

Al-Suhayli a déclaré dans une récente interview sur les opportunités d’autonomisation économique pour les femmes qu’elles sont disponibles pour créer une stratégie à laquelle participent toutes les agences gouvernementales, les institutions et organisations concernées, ainsi que le secteur privé, et pour développer des indicateurs clairs pour mesurer l’étendue des progrès dans ce champ.

Il a aussi souligné la nécessité de se concentrer, dans la stratégie nationale d’autonomisation économique des femmes au Yémen, sur le soutien à l’entrepreneuriat féminin, la fourniture d’opportunités d’éducation et de formation pour les femmes, la mise à disposition de services financiers pour les femmes, le soutien aux projets économiques détenus par les femmes, en particulier dans les zones touchées par le conflit. Il a également insisté sur l’allocation d’un budget adéquat par le gouvernement pour soutenir les programmes d’autonomisation des femmes dans divers domaines commerciaux et économiques à l’échelle du pays.

Il a également ajouté : « Le secteur privé doit soutenir les programmes d’autonomisation des femmes en offrant des opportunités d’emploi et de formation. La société civile doit sensibiliser à l’importance de l’autonomisation des femmes. Les initiatives économiques doivent soutenir la participation des femmes à la main-d’œuvre, accompagnées d’efforts à long terme pour remédier aux structures sociales, économiques et culturelles limitant la participation des femmes ». Il a souligné qu’il est possible de réaliser une véritable autonomisation économique des femmes au Yémen et de construire un avenir meilleur pour les femmes yéménites et pour tous.