La Femme dans le Développement et la Paix – Alia Muhammed
Les lois et législations régissant la vie des femmes au Yémen figurent parmi les facteurs les plus importants qui influent sur leur vie et leur estime dans la société. En contrepartie, il existe un ensemble de lois et de dispositions qui traitent des affaires des femmes, protègent leurs droits et renforcent leur statut.
Les dispositions de protection des femmes dans la loi yéménite
La violence contre les femmes est un phénomène social dont souffrent de nombreuses femmes à travers le Yémen, résultant de plusieurs facteurs sociaux et culturels qui contribuent à sa perpétuation. Le Yémen a ratifié plusieurs conventions et traités internationaux visant à protéger les droits des femmes et à lutter contre la violence à leur encontre, tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il a également adopté plusieurs réformes législatives pour améliorer leur situation dans la société yéménite et les protéger contre la violence et l’oppression. Ce sont là les principaux points sur lesquels les lois yéménites se sont concentrées.
L’article nº 40 de la Constitution yéménite insiste sur l’importance de protéger les droits des femmes et de réaliser l’égalité entre les sexes, tandis que l’article nº 41 affirme que tous les citoyens sont égaux en termes de droits et de devoirs publics. L’article nº 31 précise que les femmes sont les égales des hommes en termes de droits et devoirs, conformément à la charia et à la loi.
La Constitution yéménite garantit le droit à l’héritage pour tous les citoyens yéménites, et les femmes ont une part déterminée de l’héritage conformément à la loi islamique. Elles ne peuvent être privées de leur part d’héritage sous aucun prétexte. En cas de privation de l’héritage pour une femme, elle a le droit de recourir à la justice selon le principe du droit de poursuite garanti à chaque citoyen.
Il existe de nombreuses lois et réglementations qui protègent les femmes et réduisent la violence à leur encontre, dans le but d’atteindre l’égalité des sexes et de garantir les droits des femmes en matière de protection et de justice. Selon la loi yéménite, la violence contre les femmes est un crime puni conformément aux lois locales et aux normes internationales des droits de l’homme.
La loi sur les statuts personnels est l’une des lois principales qui régissent les affaires des femmes au Yémen, et elle régit la vie des individus dans la société, notamment en matière de mariage, de divorce, d’héritage et de garde des enfants. La loi yéménite comprend également des articles importants concernant les droits et les devoirs des femmes, ainsi que la fourniture de la protection nécessaire pour elles.
L’article nº 33 stipule que : « La dot est la propriété de la femme et elle en dispose comme elle le souhaite, sans qu’aucune condition contraire ne soit acceptée ». L’article nº 42 exige que : « La résidence conjugale soit indépendante, où la femme assure sa propre sécurité et celle de ses biens, et où le mari n’a pas le droit de loger une autre épouse avec sa femme dans la même résidence, sauf si les deux parties sont d’accord. La femme a également le droit de se rétracter quand elle le souhaite ». De plus, l’article nº 53 de la loi sur la « dissolution du mariage » permet à la femme de demander la dissolution de son mariage si son mari est marié à plusieurs femmes et qu’il n’a pas la capacité de subvenir à leurs besoins de logement et de dépenses.
La loi du travail comprend plusieurs articles qui protègent les droits des femmes dans le domaine de travail. L’article nº 42 du Code du travail stipule l’égalité des femmes et des hommes dans toutes les conditions de travail, ainsi que dans les droits et les devoirs, sans aucune discrimination. L’article nº 43 fixe la durée de travail quotidienne des femmes à cinq heures si elles sont enceintes pendant leur sixième mois de grossesse, ou si elles allaitent jusqu’à la fin du sixième mois, et le calcul des heures de travail des femmes qui allaitent commence le jour suivant la fin du congé de maternité et se termine à la fin du sixième mois. Selon l’article nº 67 de la loi du travail : « Les femmes travailleuses ont droit à un salaire égal à celui des hommes travaillant dans les mêmes conditions et effectuant le même travail avec les mêmes qualifications ».
L’article nº 45 de la loi du travail interdit aux employeurs d’employer des femmes pendant leur congé de maternité et garantit leur droit à un congé de maternité rémunéré d’une durée de 60 jours. Selon l’article 46 de la loi du travail, il est interdit d’employer des femmes dans des industries, des travaux dangereux, pénibles ou nuisibles pour leur santé et leur bien-être social.
Concernant la loi sur la nationalité au Yémen, l’article nº 10 stipule que : « La femme yéménite mariée à un étranger conserve sa nationalité yéménite, à moins qu’elle ne souhaite renoncer à sa nationalité et ne le prouve lors du mariage ou pendant la durée du mariage, et si la loi du pays de son mari lui confère sa nationalité ».
Défis et lacunes juridiques
L’activiste des droits de l’homme, Huda Mahmoud, confirme que les femmes au Yémen sont confrontées à des défis pour obtenir justice et faire respecter les lois garantissant leurs droits et leur protection contre la violence. Les coutumes et traditions sociales prédominent dans le mode d’application des dispositions légales protégeant les femmes, tandis que la culture du silence entrave les processus de signalement des cas de violence et de dépôt de plaintes.
Elle a aussi souligné que la législation yéménite et ses dispositions font face à plusieurs lacunes qui entravent leur application dans la réalité, plaçant ainsi les femmes face à des défis et des restrictions qui les entravent et les affectent. Par exemple, les dispositions concernant les cas de violence domestique ne disposent pas de législations strictes et de lois spécifiques sanctionnant les coupables. En effet, la loi pénale au Yémen criminalise les sévices corporels, mais ne spécifie pas le type de dommages, qu’ils soient domestiques ou autres. En raison de la culture sociale dominante qui permet aux hommes de frapper leurs épouses, filles et sœurs, il existe également des restrictions sociales qui empêchent les femmes victimes de violence domestique de parler et de se plaindre de ce qu’elles subissent, considérant cela comme une affaire familiale honteuse à ne pas intervenir.
Huda a expliqué que les lacunes juridiques dans les lois yéménites affectent les droits financiers et économiques des femmes en raison de la domination des hommes en tant que principaux soutiens de famille, ce qui impacte économiquement les femmes. Bien que la loi et la constitution yéménites garantissent le droit à l’éducation pour les filles, de nombreuses femmes au Yémen rencontrent des défis pour accéder à des opportunités éducatives qui leur permettraient de participer à la vie publique.
De son côté, l’avocat Youssef Al-Shuaibi estime que la législation yéménite et ses dispositions relatives aux femmes reflètent l’intérêt du législateur pour la protection de leurs droits et la promotion de leur statut dans la société. Cependant, les injustices et les discriminations auxquelles elles sont confrontées dans les lois découlent de l’inefficacité du système judiciaire dans l’application adéquate de la loi, en raison de la corruption généralisée et de l’imposition des coutumes et des traditions qui ne garantissent pas l’égalité entre hommes et femmes.
Des solutions et des mesures
Des solutions et des mesures peuvent être prises pour renforcer l’application des lois de protection des femmes contre la violence au Yémen, protéger leurs droits, garantir l’égalité des sexes et construire une société qui accorde aux femmes les droits et les libertés qu’elles méritent. Certaines solutions comprennent : l’adoption de nouvelles lois et leur activation et application efficaces, la modification de certaines lois pour les adapter à la situation des femmes et protéger leurs droits, la promotion de leur rôle dans la société et leur autonomisation économique et sociale pour atteindre le développement durable au Yémen, l’augmentation de la sensibilisation dans la société sur l’importance des droits des femmes et le changement de la culture dominante qui justifie la violence contre les femmes, la création d’un centre d’accueil et de soutien pour les femmes victimes de violence, et la fourniture du soutien psychologique, juridique et social nécessaire pour faire face à ces défis.