La Femme dans le Développement et la Paix

 

La participation des femmes yéménites dans la vie publique, y compris dans les institutions gouvernementales, est une pierre angulaire pour réaliser le développement durable et construire des sociétés démocratiques et équitables. Malgré cette importance, le nombre de femmes occupant des postes de direction dans les institutions gouvernementales au Yémen reste faible, comparé à leurs compétences et expériences diverses qui pourraient contribuer à améliorer le processus décisionnel au sein de ces institutions.

Au fil du temps, le Yémen a rencontré de grands défis en matière de participation des femmes dans les institutions gouvernementales. Cependant, il existe de nombreux moyens de renforcer cette participation et d’atteindre l’égalité des sexes dans les emplois publics, y compris aux niveaux politique et juridique. Cela peut être réalisé en réformant les politiques qui limitent la participation des femmes à la vie publique, en examinant et en modifiant les lois et les règlements qui entravent leur participation dans les emplois publics, tels que les critères de recrutement et de promotion, ainsi que les lois sur le statut personnel. De plus, il est nécessaire de promouvoir l’éducation des filles et des femmes en leur fournissant des opportunités éducatives équitables, en les encourageant à fréquenter les écoles et les universités, et à se spécialiser dans des domaines offrant des opportunités d’emploi dans le secteur public. Il est également crucial de renforcer les politiques prenant en compte les considérations de genre à grande échelle dans tous les programmes et politiques gouvernementaux, en tenant compte des besoins et des circonstances particulières des femmes.

Dans le contexte des institutions gouvernementales, il est essentiel d’appliquer le principe d’égalité des sexes dans toutes les pratiques de recrutement. Cela garantit que le processus de recrutement dans le secteur public est exempt de toute discrimination fondée sur le genre, et offre des opportunités égales aux hommes et aux femmes pour postuler à des emplois et occuper différents postes.

 

La Stratégie nationale pour le développement de la femme

La Stratégie nationale pour le développement des femmes (genre) 2003-2005 est une feuille de route importante pour renforcer la position et l’autonomisation des femmes yéménites dans divers domaines de la vie. Elle vise à aborder les défis auxquels les femmes sont confrontées et qui entravent leur participation effective au processus de développement national.

Le Comité national pour la femme s’est appuyé sur un certain nombre de principes fondamentaux dans l’élaboration de cette stratégie, qui garantissent l’égalité des sexes et insistent sur la réalisation de l’égalité des droits et des devoirs entre les hommes et les femmes, conformément à la charia islamique, à la Constitution, aux lois nationales, ainsi qu’aux conventions arabes et internationales ratifiées par le gouvernement yéménite.

Cette Stratégie reflète l’engagement du Yémen à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing, un document historique issu de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, ainsi que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), en soulignant l’importance de la coopération de toutes les parties prenantes et de la mobilisation des ressources nécessaires à sa mise en œuvre, dans le but de s’attaquer aux problèmes auxquels les femmes sont confrontées et d’encourager leur participation active au processus de développement national.

La Stratégie a mentionné les accords et traités internationaux importants pour les femmes signés par le Yémen, qui comprennent :

  • La Déclaration universelle des droits de l’homme, signée par le Yémen en 1994.
  • Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1987.
  • Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1987.
  • La Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1972.
  • La Convention internationale des droits de l’enfant de 1991.
  • La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1984.
  • Les conventions de l’Organisation internationale du Travail.
  • L’égalité de rémunération entre les travailleurs et les travailleuses pour un travail de valeur égale de 1976.
  • La discrimination dans l’emploi et la profession de 1989.
  • Les travailleurs ayant des responsabilités familiales de 1989.
  • La Convention internationale sur les droits politiques des femmes de 1987.
  • Le Programme d’action de Beijing de 1995.

 

Le gouvernement yéménite a élaboré plusieurs stratégies nationales visant partiellement ou totalement à autonomiser les femmes et réduire les inégalités entre les sexes dans différents domaines du développement. Parmi ces stratégies :

  • La Stratégie nationale pour les femmes, qui vise à réaliser l’égalité des sexes et à autonomiser les femmes dans tous les aspects de la vie.
  • La Stratégie nationale pour l’éducation de base, qui vise à fournir des opportunités d’éducation égales pour les filles et les garçons.
  • La Stratégie nationale pour les femmes actives, qui cherche à autonomiser les femmes en leur offrant des opportunités d’emploi décentes.
  • La Stratégie nationale pour l’alphabétisation et l’éducation des adultes.
  • La Stratégie nationale pour l’intégration du genre dans le courant dominant de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, visant à renforcer la participation des femmes dans le secteur agricole et à améliorer la sécurité alimentaire des familles yéménites.

 

La situation de la femme au Yémen

Dans le rapport sur la situation des femmes au Yémen pour l’année 2022, il a été affirmé que l’emploi dans le secteur public est plus attrayant pour les femmes que dans le secteur privé en raison de la réduction des heures de travail, de la stabilité et du sentiment de sécurité professionnelle. En 2019, le taux d’emploi des femmes dans le secteur public était de 20%, comparé à 5% dans le secteur privé, alors qu’en 2014, il était de 24%. Cela est dû aux effets du conflit au Yémen et à l’expansion de l’appareil administratif de l’État, ce qui a entraîné un gel des recrutements dans le secteur public depuis 2015. Cela a privé de nombreuses femmes d’opportunités d’emploi pour améliorer leur niveau de vie.

Le rapport publié par le Comité national pour la femme pour la femme a également indiqué que plus de 40% des ménages ont perdu leur principale source de revenu en raison du non-paiement des salaires des fonctionnaires de l’État, ainsi que des licenciements massifs dans le secteur privé. Les femmes ont été plus touchées que les hommes, et le taux de chômage des femmes a atteint 26,1 %.

 

Des expériences concernant le traitement au travail

Riyam Al-Marfadi, directrice générale adjointe du marketing et de la promotion de la zone franche d’Aden, présente une expérience réussie des femmes yéménites travaillant dans les infrastructures gouvernementales. Elle souligne que les femmes possèdent des capacités immenses qui leur permettent d’atteindre les plus hauts postes administratifs. Elle indique que certains organismes gouvernementaux accordent une grande importance au développement des capacités des femmes grâce à des programmes de promotion professionnelle et des incitations.

Elle a également mentionné les principaux défis qui entravent la carrière professionnelle des femmes et les empêchent de réaliser pleinement leur potentiel dans divers établissements gouvernementaux. Al-Marfadi explique que les femmes éprouvent des difficultés à obtenir des promotions dans les postes gouvernementaux dans la plupart des institutions gouvernementales, et que ce processus prend parfois beaucoup de temps. De plus, le pourcentage de femmes occupant des postes élevés dans les institutions gouvernementales reste faible par rapport aux hommes, en raison du conflit qui a entraîné une paralysie quasi totale de la fonction publique et la suspension des promotions ou de la régularisation de leur statut, ce qui entrave leur progression professionnelle.

En ce qui concerne son expérience dans la zone franche, elle indique qu’elle bénéficie du respect et de l’encouragement de tous ses collègues de travail, de la direction de la zone franche jusqu’aux autres employés. Elle souligne qu’il n’y a aucune discrimination entre elle et ses collègues masculins ; au contraire, il existe un respect mutuel et un soutien continu de la part de tous.

Elle insiste également sur le fait que le travail acharné et les réalisations sont les éléments qui prouvent la compétence d’un employé, quel que soit son sexe.

Malgré les efforts déployés pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, Riyam souligne l’importance de réexaminer les législations régissant les emplois publics afin de garantir l’équité pour les femmes et de leur permettre d’accéder à des postes de haut niveau dans les institutions gouvernementales.

D’un contexte différent, Taghreed Mohammed Mujahid, directrice des relations publiques au ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, indique que la situation des femmes dans les institutions gouvernementales n’est pas satisfaisante sous tous les aspects. Elle mentionne que les femmes souffrent de la privation de leur droit à exercer leur travail avec toutes les prérogatives, ce qui entrave leur avancement professionnel et réduit leurs capacités dans divers domaines, leur faisant perdre confiance en elles-mêmes et ralentissant leur progression. En outre, il n’existe pas de mesures légales dissuasives pour prévenir la discrimination.

 

Défis et solutions

Le rapport « La situation des femmes au Yémen en 2022 » a mentionné plusieurs défis auxquels les femmes sont confrontées dans le secteur public, notamment l’arrêt de la réception des demandes d’emploi dans la fonction publique de l’État, ce qui a eu un impact négatif sur leurs opportunités d’emploi, le recours limité aux contrats temporaires pour l’embauche ces dernières années en raison des répercussions du conflit ayant entraîné l’arrêt des recrutements dans la fonction publique depuis 2015, l’interruption du versement des salaires des employés, un taux d’analphabétisme élevé chez les femmes en général. De plus, le manque d’opportunités de formation et de renforcement des capacités pour les femmes souhaitant travailler.

Le rapport a également proposé plusieurs recommandations susceptibles d’améliorer la situation des femmes dans les emplois publics, notamment : trouver des solutions pour rétablir sérieusement le paiement des salaires des fonctionnaires ; planifier correctement la main-d’œuvre au Yémen en tenant compte des demandes et des besoins en matière d’emploi des femmes, qui représentent plus de 37% des candidats à la fonction publique. Également, il faut réaliser des études sur les contributions économiques du travail non rémunéré des femmes dans l’agriculture ; appliquer un système de travail flexible et de télétravail pour permettre aux femmes de concilier et d’équilibrer leur travail et leur rôle familial.

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