La Femme dans le Développement et la Paix

 

Tout au long de l’histoire, des femmes yéménites exceptionnelles se sont distinguées, gravant leurs noms en lettres d’or dans différents domaines et secteurs, laissant des empreintes claires sur l’évolution de leur pays. Depuis les anciennes civilisations, le Yémen s’est distingué par une position unique de la femme, incarnée dans sa participation active dans divers domaines de la vie, allant du pouvoir et de la gouvernance jusqu’aux domaines de l’économie, du social et de la culture.

Les preuves historiques indiquent que la femme dans l’ancien Yémen jouissait d’une grande influence, qui se manifestait dans son contrôle de la propriété économique et dans sa représentation divine dans certaines civilisations. Par exemple, dans le royaume de Saba, la reine Belqis a joué un rôle important dans le gouvernement et le développement du royaume.

Les époques anciennes ont également connu des changements dans le rôle de la femme. Le pouvoir s’est progressivement transféré à l’homme, ce qui est lié à l’émergence de systèmes féodaux qui ont conduit à la marginalisation du rôle de la femme et à l’aggravation de son oppression.

 

Les révolutions des femmes yéménites

La femme yéménite n’a pas été épargnée par la domination de l’homme sur le pouvoir à travers les époques. Elle a résisté en cherchant à se libérer des contraintes qui lui ont été imposées, par tous les moyens et les voies possibles. À différentes périodes de l’histoire, les femmes se sont révoltées contre l’injustice et ont lutté pour récupérer leurs droits.

La reine Arwa est un grand exemple de femme combattante. Elle a mené une révolution contre le pouvoir féodal et a réussi à récupérer le pouvoir, réalisant des réformes dans divers domaines de la vie avec une grande habileté et une efficacité remarquable.

Des noms de reines yéménites qui ont régné pendant les périodes de conquête de l’ancien Yémen sont également apparus, comme la reine Nadeen Dhi Sadaq Shams, qui a étendu les frontières de son royaume jusqu’en Grèce, et la reine Lamees bent Nouf ben Yareem, et la reine d’Awsan Akhla Al-Awsaniya. Ce riche patrimoine yéménite contraste fortement avec la situation de la femme en Europe au début du 19ème siècle, où il ne lui était pas permis d’étudier à l’université et elle était condamnée à rester dans les classes opprimées de la société.

 

La femme yéménite à l’ère moderne

La femme yéménite a accompagné les évolutions que le monde a connues dans divers domaines. Au début du 19ème siècle, elle a fait face à des défis similaires à ceux rencontrés par les femmes dans le monde, comme l’interdiction d’accéder à l’éducation et aux postes de haut niveau. Cependant, la volonté de la femme yéménite ne s’est pas brisée. Elle a mené de longues luttes pour obtenir ses droits et a réussi à accomplir des réalisations importantes, notamment l’obtention du droit à l’éducation et à l’emploi, ainsi que l’accès à des postes de décision.

Des modèles féminins inspirants pour les générations futures se sont ainsi démarqués, démontrant que les possibilités n’ont pas de limites lorsque la détermination et la persévérance sont présentes. Parmi ces exemples, on peut citer Dr. Wahiba Farea Ghaleb, qui a été la première femme yéménite à occuper le poste de ministre, nommée ministre des Droits de l’Homme en 2001, et Amat Al-Alim Al-Souswa, nommée ministre des Droits de l’Homme en 2003, ainsi que Ramzya Al-Iryani, qui a été la première femme diplomate à rejoindre le corps diplomatique yéménite, décrite comme pionnière dans le domaine des médias. Ce sont là quelques-unes des femmes leaders qui se sont illustrées.

 

Des obstacles qui entravent la participation effective des femmes

Les femmes arabes et yéménites en particulier se heurtent à de nombreux obstacles sociaux et culturels qui entravent leur participation effective à la vie publique et politique à différentes étapes du temps.

Maria Rashid a évoqué, dans un document de travail intitulé « Le rôle du gouvernement à autonomiser les femmes à accéder aux postes de décision », publié en novembre 2023, que la culture sociale dominante, en particulier la culture populaire, perpétue une perception dévalorisante des femmes, la tutelle et l’autorité de l’homme sur elles, et entérine la répartition historique des rôles entre les deux sexes. Ainsi, le rôle de la femme s’est limité à la famille (la procréation et les soins à la famille), tandis que les rôles politiques, de changement et de production ont été réservés aux hommes.

Le document a également montré qu’il y a une domination dans le discours religieux, car la mentalité tribale et confessionnelle domine la structure de la société arabe, en particulier la société yéménite, ce qui lui confère un caractère « traditionnel » plutôt que « civil » rempli de la participation du citoyen. De même, le patrimoine social et le système patriarcal/masculin contrôlent les coutumes et les traditions, ce qui perpétue les valeurs discriminatoires à l’égard des femmes, encourage la violence à leur encontre et reproduit la division stéréotypée des rôles entre les hommes et les femmes. Les règles d’indépendance des femmes, déjà faibles, sont également un obstacle, consacrant ainsi leur dépendance permanente aux hommes.

Maria estime que l’ensemble de ces facteurs ont eu un impact négatif sur la participation des femmes à la vie publique et politique au Yémen, à l’instar des autres pays arabes. Bien que les femmes yéménites aient acquis un certain degré d’indépendance à des époques antérieures et occupé des postes dans divers domaines et secteurs, l’émergence de mouvements extrémistes a entraîné un recul de leur rôle et leur marginalisation au sein de la société.

 

Des étapes vers la participation politique efficace

De nombreux rapports nationaux et internationaux récents soulignent l’importance de la participation des femmes à la vie publique pour renforcer la démocratie et le développement durable au Yémen. Cette importance se manifeste dans le renforcement de l’autonomisation et de la responsabilité des femmes dans divers domaines, afin d’améliorer la productivité de l’État dans différents secteurs, et de travailler à élever le niveau de sensibilisation culturelle, intellectuelle et juridique des femmes, ce qui leur permettra de lutter contre tout facteur extérieur ébranlant leur existence.

Cependant, la participation des femmes yéménites aux postes de décision au sein des institutions gouvernementales reste encore très faible. Cela s’explique par de nombreux facteurs, notamment les dispositions juridiques. Bien que la Constitution yéménite et la loi sur les partis et les organisations politiques reconnaissent le droit des femmes à participer à la vie publique et politique, leur mise en œuvre concrète fait face à de nombreux défis. De plus, le gouvernement yéménite n’a pas fait d’efforts suffisants pour autonomiser efficacement les femmes dans la vie publique.

La Commission nationale pour les femmes cherche à encourager la nomination de femmes à des postes de décision dans les ministères et les autorités locales de l’État, et à renforcer leur participation dans divers domaines de la vie, y compris la vie politique.

Elle a fait ses efforts dans la conception de politiques et de stratégies visant à autonomiser les femmes, en élaborant des plans et des programmes pour renforcer la participation des femmes à la vie publique, politique et économique, y compris en les encourageant à se présenter aux élections et à occuper des postes de direction au sein de l’État. Elle suit également la mise en œuvre des conventions internationales relatives aux droits des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes.

La Commission réclame constamment l’application d’un système de quota pour garantir la participation de 30% de femmes aux postes de prise de décision, conformément aux engagements internationaux du Yémen. Elle adresse également des notes officielles aux dirigeants du gouvernement, leur rappelant la nécessité d’inclure des femmes dans toute nouvelle formation gouvernementale, consultations ou négociations.

Cependant, le Yémen souffre d’un important écart entre les deux sexes dans la fonction publique et les institutions gouvernementales. Cet écart s’est encore aggravé avec le déclenchement du conflit, entraînant l’exode de nombreuses femmes hautement qualifiées et augmentant ainsi davantage cet écart. Les femmes occupant des postes supérieurs dans la fonction publique ont également fait face à des risques croissants en raison de leur appartenance politique. Les femmes restent sous-représentées au sein des institutions gouvernementales, surtout dans le domaine économique.

L’indice mondial de l’écart entre les deux sexes reflète clairement ce recul. Alors que le Yémen occupait la 115e place en 2006, il a chuté de manière alarmante pour se classer 155e en 2021. Cette régression ne s’est pas limitée à l’indice général, mais a également touché l’indice spécifique de la participation et les opportunités économiques : Le Yémen est passé de la 114e à la 154e place, indiquant une grave détérioration de la participation des femmes à la vie économique et de leurs chances d’accéder à un emploi décent.

De nombreux rapports locaux portant sur les questions féminines ont proposé des mesures susceptibles de contribuer à l’autonomisation des femmes dans la vie publique à différents niveaux. Parmi ces mesures figurent la révision et l’amendement de toutes les lois et réglementations entravant la participation des femmes à la vie publique, afin de promouvoir l’égalité entre les deux sexes. Il s’agit également d’adopter des lois strictes criminalisant la violence contre les femmes et leur assurant la protection et le soutien nécessaires. Enfin, il est recommandé de réserver des quotas pour les femmes dans les postes de direction dans divers domaines et secteurs, y compris au sein du gouvernement, des conseils législatifs et des partis politiques.

you might also like