Ahmed Bajoaim – La Femme dans le Développement et la Paix

 

L’enseignement supérieur au Yémen fait face à de nombreux défis, le plus important étant le grand fossé entre les opportunités offertes aux hommes et aux femmes. En effet, les femmes ont des obstacles sociaux, culturels et économiques entravant leur progression vers la réalisation de leurs ambitions académiques et professionnelles. Malgré les efforts faits pour promouvoir l’égalité entre les deux sexes, ces obstacles persistent et empêchent un accès équitable à l’enseignement supérieur, réduisant ainsi les opportunités des femmes sur le marché du travail.

Dans ce rapport, on examinera les principales manifestations de la discrimination fondée sur le genre dans les universités et les établissements d’enseignement yéménites. On mettra également en lumière les initiatives et les efforts faits par les universités publiques pour promouvoir l’équité et l’égalité des opportunités dans l’éducation et l’emploi. L’objectif est de fournir une vision globale de la réalité de la discrimination fondée sur le genre dans l’enseignement supérieur au Yémen et de proposer des recommandations scientifiques et pratiques visant à contribuer à la construction d’un avenir plus équitable et juste pour tous dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la carrière académique.

 

L’égalité de deux sexes

Selon le président de l’Université de Sayoun, Dr. Mohammed Al-Kathiry : « Les districts de Wadi Hadramaout sont des régions à caractère conservateur, ce qui entrave l’accès des filles aux opportunités d’enseignement supérieur, surtout en raison du nombre limité de facultés présentes dans la Wadi. Donc, le fait pour les filles de s’inscrire dans l’enseignement supérieur dans des villes éloignées, comme Sana’a, Aden ou Mukalla, est un événement rare ».

Il a ajouté : « La création de l’Université de Sayoun a constitué une véritable avancée dans le parcours éducatif des filles dans Wadi Hadramaout, car elle leur a ouvert grandes les portes de l’enseignement supérieur sans qu’elles n’aient à voyager dans des villes éloignées ». Il a également déclaré : « L’idée de créer une faculté pour les filles au sein de l’Université de Hadramaout a été l’une des premières étapes importantes pour promouvoir l’égalité de deux sexes dans l’enseignement supérieur ».

M. Al-Kathiry a affirmé que l’un des effets de la création de l’Université sur l’éducation des filles a été l’augmentation du taux de participation des filles à l’université. En effet, la création de l’université et l’ouverture de nouveaux départements dans les facultés ont entraîné une nette augmentation du taux de présence des filles à l’université. Cela a également offert aux filles des opportunités d’étudier dans différentes spécialités, ce qui a contribué à élargir leurs horizons, à ouvrir de nouvelles perspectives d’emploi et à renforcer l’égalité de deux sexes dans l’enseignement supérieur, en offrant des opportunités égales aux hommes et aux femmes.

De son côté, le vice-président de l’Université d’Al-Mahra chargé des affaires étudiantes, Dr. Adel Bin Muaily, a souligné que l’Université d’Al-Mahra est un phare académique qui s’efforce de fournir des opportunités éducatives exceptionnelles à ses étudiants, en mettant l’accent sur le renforcement de l’égalité de deux sexes et la réponse aux besoins du gouvernorat et du marché local.

Il a expliqué que parmi les efforts visant à promouvoir l’égalité de deux sexes, il y a l’ouverture de diverses spécialités répondant aux besoins du marché du travail et adaptées aux capacités et aux possibilités des étudiants de deux sexes, telles que le marketing, la gestion d’entreprise, la comptabilité, la stomatologie, la technologie de l’information, l’informatique, ainsi que diverses spécialités éducatives comme l’éducation préscolaire, l’enseignant de terrain et la physique. Il a également indiqué que l’université a ouvert des programmes d’études supérieures dans les spécialités qui remplissent les conditions requises, offrant ainsi aux étudiants l’opportunité de poursuivre leurs études supérieures et leur spécialisation.

Il a ajouté : « Ces spécialités ont grandement contribué à renforcer les opportunités d’égalité entre les deux sexes dans l’accès à l’enseignement supérieur et académique. De plus, un logement universitaire dédié aux étudiantes venant de régions éloignées a été fourni, ainsi qu’un soutien au transport et des incitations financières de la part de l’autorité locale du gouvernorat pour certaines spécialités ».

 

Des statistiques

Le journal (La Femme dans le Développement et la Paix) a obtenu des statistiques du département de l’information éducative du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui montrent que le nombre d’enseignantes à l’Université d’Al-Hodeïda est de 200, à l’Université d’Abyan de 100, à l’Université de Shabwa de 4, à l’Université de Sayoun de 37 et à l’Université de Lahj de 115. Ces indicateurs reflètent une nette progression du nombre de femmes dans le travail académique au sein des universités publiques et même privées, suggérant que le proche avenir connaîtra une augmentation du nombre d’enseignantes dans l’enseignement supérieur.

Dr. Al-Kathiry a souligné qu’après la création de l’Université de Sayoun et l’ouverture de nouveaux départements dans les facultés, le pourcentage de filles présentes à l’université a atteint 43% dans toutes les facultés. Dans certaines spécialités, le nombre de filles a même dépassé celui des étudiants. Ainsi, à la Faculté des sciences de l’éducation, le pourcentage de filles est de 60%, à la Faculté de médecine et des sciences médicales de 48%, et à l’enseignement ouvert, les filles représentent 45% des places. Le pourcentage de femmes membres du corps enseignant et d’assistantes était de 14%, et le pourcentage d’employées et de transactions dans le secteur universitaire était de 30%.

Il a également indiqué que la faculté des lettres et des langues est l’une des facultés de l’université où la présence des étudiantes est la plus importante, atteignant environ 52% à l’Université d’Al-Mahra. La présence des femmes à la faculté de droit représente 36%, tandis que le pourcentage d’étudiantes à celle d’informatique est plus faible, atteignant 25%. Quant à la faculté d’éducation physique et de sports, elle ne compte aucune étudiante.

Il a ajouté : « Parmi les efforts de l’Université de Sayoun pour renforcer la présence des femmes, il y a la création de nouveaux départements. En effet, l’Université a créé de nouveaux départements, notamment un programme de santé sportive et de réadaptation physique, dans le but d’attirer davantage d’étudiantes dans ces domaines et de renforcer la présence des femmes dans les différentes facultés de l’université. Ainsi, la proportion de filles dans la première année d’ouverture de ces départements a dépassé 50%. Cependant, la faculté d’agriculture et d’alimentation a encore un faible pourcentage d’étudiantes, même si on observe une amélioration et un plus grand intérêt des étudiantes ces derniers temps ».

À ce sujet, Dr. Bin Muaily a indiqué que le pourcentage d’étudiantes à l’Université d’Al-Mahra atteint environ 65% au niveau du baccalauréat et 50% au niveau des études supérieures. Cela constitue un indicateur positif de l’engagement de l’université à offrir des opportunités éducatives égales aux hommes et aux femmes. Il a également précisé que les femmes représentent 35% du corps enseignant de l’Université, tandis qu’elles représentent 70% du personnel administratif.

Encourager les filles

Dr. Al-Kathiry a dit : « L’Université de Sayoun est consciente de l’importance de l’éducation des jeunes filles et de leur rôle dans la construction de la société. C’est pourquoi l’université fait de son mieux pour fournir un environnement éducatif favorable et encourageant pour que les filles s’inscrivent dans l’enseignement universitaire, et ce, dans la mesure des moyens disponibles. Elle tient compte des spécificités des étudiantes issues de milieux conservateurs, en mettant à leur disposition un environnement approprié leur permettant de s’exprimer et d’exercer leurs droits ».

Il a ajouté : « L’Université comprend que la fourniture de logements pour les étudiantes est l’un des facteurs les plus importants pour renforcer leur éducation. C’est pourquoi la présidence de l’université a lancé un appel aux corps de soutien à l’éducation des filles pour contribuer à la fourniture de logements pour les étudiantes et à l’aide à leurs déplacements. Cela les aide à surmonter les difficultés de transport et à accéder facilement à l’université ».

Il a mentionné que l’Université d’Al-Mahra, en coordination avec les autorités locales du gouvernorat, a cherché à trouver des incitations pour encourager les étudiants et les étudiantes à s’inscrire à l’université. Cela inclut la fourniture de logements séparés pour les étudiants et les étudiantes, le soutien au transport des étudiantes, la réduction des prix des manuels scolaires, le soutien aux meilleurs étudiants, ainsi que l’octroi d’incitations par les autorités locales pour s’inscrire dans les spécialités de la faculté de pédagogie. Grâce à ces efforts, l’université a réalisé des progrès concrets pour renforcer la présence des filles à l’université, ainsi que dans les études supérieures et le travail académique.

 

Les recommandations

Dr. Al-Kathiry a déclaré que l’Université de Sayoun fait des efforts soutenus pour promouvoir l’éducation des filles et surmonter les obstacles rencontrés, convaincue de l’importance de leur rôle dans la construction de la société. Cependant, ces efforts font face à un grand défi, à savoir le manque d’infrastructures et de bâtiments. Pour remédier à ces problèmes, il est nécessaire de mettre en œuvre les bâtiments prévus dans le plan général de l’université. Les corps de soutien à l’éducation des femmes, comme le Fonds de reconstruction du Yémen, le ministère de la Planification et le Fonds koweïtien, sont des piliers essentiels pour la réalisation des bâtiments prévus et la création de nouveaux bâtiments modernes qui permettraient d’étendre le nombre de facultés et de spécialités, offrant ainsi à l’université la possibilité d’accueillir davantage d’étudiantes et de leur fournir un environnement éducatif approprié.

Il a poursuivi en disant : « Les institutions locales et les organisations internationales qui soutiennent l’éducation des filles doivent soutenir l’Université de Sayoun afin de l’aider à améliorer son travail, ce qui est un objectif central pour tous les membres de l’université. Il faut également ouvrir de nouveaux programmes et facultés qui répondent aux aspirations de toutes les spécialités et niveaux d’études ».

De son côté, M. Bin Muaily explique que l’un des défis qui empêchent les filles de poursuivre leurs études supérieures est le manque de spécialités scientifiques rares dans les universités locales, ce qui affecte leur capacité à s’inscrire dans des programmes d’études supérieures à l’étranger. Donc, les parties concernées doivent s’employer à fournir ces spécialités scientifiques rares dans les universités yéménites, permettant ainsi aux filles de poursuivre leurs études sans avoir besoin de voyager à l’étranger. Il faut également lutter contre la discrimination envers des femmes et renforcer la culture de l’égalité entre les deux sexes.