Par Yomna Ahmed

 

Le parcours de la femme yéménite dans l’enseignement supérieur et les milieux universitaires est une épopée de lutte longue et ardue, parsemée de nombreux défis et obstacles sociaux, culturels et économiques. Malgré ces difficultés, la femme yéménite a réussi à réaliser des exploits remarquables dans ce domaine et contribue activement à la construction et au développement de sa société. Cependant, ce succès n’a pas été facile à atteindre, il a nécessité des sacrifices énormes et une détermination inébranlable de la part de la femme yéménite, qui a fait face à une opposition farouche de certains milieux conservateurs qui considèrent que le rôle de la femme se limite au foyer. Néanmoins, la femme yéménite a réussi à prouver ses compétences et ses capacités, et à contribuer efficacement au développement de différents secteurs, non seulement dans le domaine académique mais aussi dans les domaines politique, économique et social. Malgré les progrès réalisés par la femme yéménite, elle est toujours confrontée à de nombreux défis, notamment le conflit continu qui a conduit à la détérioration de la situation humanitaire et à la perturbation du processus éducatif, ainsi que la discrimination sexuelle et la violence à l’égard des femmes. Parmi les autres défis auxquels est confrontée la femme académicienne yéménite : la rareté des opportunités d’emploi appropriées après l’obtention du diplôme, la difficulté à concilier les exigences du travail académique et de la famille, les préjugés sexistes dans l’évaluation de la performance professionnelle et le manque de soutien financier et moral suffisant.

Suite à ces observations, l’unité d’information et de sondage du Yemen Information Center a mené une enquête d’opinion sur la participation des femmes dans l’enseignement supérieur et les milieux universitaires au Yémen. L’objectif était de connaître l’opinion d’un échantillon de la société yéménite sur l’importance de la participation des femmes dans les milieux universitaires, les principaux défis auxquels elles sont confrontées et les mesures à prendre pour accroître leur présence dans ces milieux selon leur point de vue.

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 179 participants provenant de différentes régions du Yémen. Les femmes représentaient la majorité des participants avec 73,4% contre 26,6% pour les hommes. Les participants étaient répartis sur différentes tranches d’âge : le groupe d’âge de 36 à 45 ans constituait la plus grande proportion (43%), suivi du groupe d’âge de 46 à 65 ans avec 27,8%. Par ailleurs, 19% des participants avaient entre 26 et 35 ans, et 7,6% appartenaient à la tranche d’âge 18-25 ans. La participation des personnes âgées (65 ans et plus) était limitée, avec seulement 2,6%.

En termes d’éducation, les personnes titulaires de diplômes supérieurs représentaient le groupe le plus important avec 45%, suivis par les titulaires de licences avec 38%. La participation était également significative chez les étudiants universitaires (7,6%), les titulaires du baccalauréat ou d’un niveau inférieur (7,6%) et, dans une moindre mesure, chez ceux titulaires du diplôme d’études secondaires du premier cycle ou d’un niveau inférieur (1,8%).

L’enquête a couvert 14 gouvernorats yéménites : Aden a enregistré le pourcentage le plus élevé de participants avec 24,2%. Elle a été suivie par Hadramaout avec 21,5%, Sanaa avec 17,7%, Taïz avec 10,1% et Al-Hodeïda avec 3,8%. 3,8% ont également participé d’Amran, 3,8% de Lahj, 2,5% de Raymah, 2,5% de Socotra, 2,5% d’Abyan, 2,5% de Mahra, 2,5% d’Al Jawf, 1,3% de Saada et 1,3% de Hajjah.

 

Les résultats principaux :

Dans un premier temps, 51,9% des participants au sondage estiment que la présence des femmes yéménites dans l’enseignement supérieur et les milieux académiques est moyenne, tandis que 32,9% considèrent que leur présence dans les milieux académiques au Yémen est importante et seulement 15,2% estiment que leur présence dans ces institutions est faible.

Quant à l’égalité des chances professionnelles entre les femmes et les hommes dans l’enseignement supérieur et les milieux académiques, 60,8% des personnes interrogées estiment que les femmes n’ont pas les mêmes opportunités que les hommes et qu’elles sont toujours confrontées à de nombreux problèmes, notamment la discrimination sexuelle. En revanche, 32,4% pensent le contraire, et seulement 5,7% déclarent ne pas avoir d’opinion sur la question.

Lorsqu’on interroge sur la perception sociale des femmes ayant obtenu des diplômes supérieurs ou travaillant dans le milieu académique, 54.4% des participants ont indiqué qu’elles représentaient une menace pour le rôle traditionnel de la femme dans la société yéménite, tandis que 45.6% ont affirmé que les femmes diplômées ou travaillant dans le milieu académique sont de bons modèles pour les femmes yéménites et devraient être imitées.

Concernant le soutien que les universités yéménites apportent aux étudiantes et aux femmes travaillant dans les milieux académiques, 60,8% des participants ont déclaré que les universités yéménites n’apportaient aucun soutien, tandis que 31,6% estiment qu’elles apportent un soutien minime mais insuffisant. 5,1% ont indiqué ne pas avoir d’information à ce sujet, et les 2,5% restants ont déclaré que les universités yéménites apportent un soutien suffisant aux étudiantes et aux femmes travaillant dans les milieux académiques au Yémen.

En ce qui concerne les principaux défis auxquels les femmes sont confrontées pour accéder à l’enseignement supérieur au Yémen, les participants ont répondu comme suit* :

  • Manque de soutien financier : 70,9%
  • Absence d’un environnement favorable : 59,5%
  • Rareté des opportunités d’emploi après l’obtention du diplôme : 45,6%
  • Coutumes et traditions sociales : 30,4%

 

En conclusion, les résultats de l’enquête ont souligné l’importance cruciale de la participation des femmes yéménites à l’enseignement supérieur et aux milieux académiques. Ils ont mis en évidence les nombreux défis auxquels elles sont confrontées malgré les réalisations accomplies. L’enquête a également révélé que l’opinion publique yéménite est consciente de l’importance du rôle de la femme dans la société et qu’il existe de grandes aspirations quant à sa participation active dans tous les domaines.

L’autonomisation des femmes yéménites et l’offre d’opportunités égales en matière d’éducation et d’emploi constituent un investissement dans l’avenir du Yémen. Les femmes yéménites ont prouvé leur capacité à innover et à créer, et elles sont en mesure de contribuer efficacement à la construction d’une société plus juste et plus prospère.

 

 

 

 

*Une question à choix multiples où chaque réponse à cette question a été analysée – en tant qu’échantillon séparé – avec un taux de 100%.