Ahmed Bajoaim – La Femme dans le Développement et la Paix

 

Les médias sont un élément essentiel dans la formation de l’opinion publique et la transmission de l’information. Ils représentent un outil efficace pour mettre en avant les questions de société et s’y concentrer. Ils jouent un rôle central pour mettre en lumière l’importance des femmes et de leur rôle dans l’enseignement supérieur et le travail universitaire, surtout au Yémen ; compte tenu des défis sociaux et culturels des femmes dans cette société, qui reste dans une large mesure traditionnelle.

De même, les médias contribuent à briser les barrières sociales en renforçant la sensibilisation aux capacités que les femmes apportent dans divers domaines, notamment dans l’enseignement supérieur et académique. Ils œuvrent également à encourager davantage de jeunes filles à poursuivre leurs études et à réaliser leurs ambitions en atteignant des réalisations académiques exceptionnelles.

Les médias yéménites ne sont plus de simples fenêtres pour présenter les événements courants, à savoir les nouvelles sur les conflits, mais constituent une plateforme influente dans la formation de l’opinion publique et le changement de la perception sociale. Dans ce contexte, l’importance du rôle qu’ils jouent pour mettre en lumière les histoires de réussite des femmes yéménites et briser les stéréotypes qui les ont longtemps enfermées est capitale. En mettant l’accent sur leurs réalisations dans divers domaines, notamment l’éducation et le travail académique, les médias contribuent à l’autonomisation des femmes yéménites et à l’inspiration des générations à venir. Ce rapport mettra en lumière le rôle joué par ces médias et ces plateformes numériques pour les femmes.

 

Le rôle des médias et des plateformes

Les médias fournissent une plateforme aux femmes universitaires pour exprimer leurs opinions et partager leurs expériences avec le public, en abordant les questions des femmes dans le domaine académique, comme la conciliation entre le travail et la vie familiale, la discrimination dans l’avancement professionnel, entre autres. Ces médias visent également à soutenir les politiques favorables aux femmes en couvrant les programmes qui les soutiennent dans le domaine académique, tels que les bourses d’études supérieures, les programmes de formation et les opportunités d’emploi. Les outils médiatiques pouvant être utilisés à cet effet sont les reportages télévisés, les interviews, les émissions de radio, les articles de presse et d’analyse sur le rôle des femmes dans le milieu académique, ainsi que les réseaux sociaux.

Selon le journaliste Fathi Bin Lazraq, rédacteur en chef du journal (Aden Al-Ghad), les médias yéménites devraient, dans le contexte difficile au Yémen, jouer un important rôle pour soutenir la participation des femmes dans l’enseignement supérieur et académique, et veiller à ce qu’elle ne soit pas interrompue, que ce soit dans les zones rurales ou urbaines.

Il a souligné que le conflit armé a eu un impact significatif sur les taux d’accès des femmes aux programmes d’enseignement supérieur au sein des universités et des instituts. Alors, les médias ont une grande responsabilité dans la promotion de la participation des femmes à l’enseignement supérieur et la présentation de solutions possibles aux défis rencontrés pour atteindre les plus hauts niveaux d’éducation.

Il a ajouté que, face à l’absence de soutien gouvernemental suffisant, les médias ont une grande responsabilité de maintenir la flamme de l’éducation allumée, surtout pour les femmes yéménites, car l’éducation est un outil efficace de changement social. Les médias peuvent également jouer un rôle essentiel à valoriser l’éducation auprès des jeunes filles et les encourager à poursuivre leurs études dans tous les domaines universitaires, ce qui aura un impact positif sur la communauté locale.

De son côté, Abderrahmane Anis, professeur à la faculté des médias de l’Université d’Aden, a affirmé que les différents médias – surtout les journalistes – jouent un rôle éminent et influent sur la société, en renforçant la sensibilisation communautaire à l’importance de l’accès des femmes à l’enseignement universitaire, que ce soit en tant qu’étudiantes, chercheuses ou employées dans les milieux académiques.

 

Il a également souligné que les médias ont un rôle à jouer dans la mise en lumière des modèles féminins réussis et exceptionnels qui se sont distingués de manière remarquable dans les études supérieures dans des spécialités scientifiques rares, en tant que modèles exemplaires servant la communauté locale. Les médias et les journalistes doivent également se concentrer sur l’importance du rôle du ministère de l’Enseignement supérieur et des universités à faciliter l’accès et l’engagement des jeunes filles dans les études supérieures universitaires, tout en exposant les défis et les solutions.

Dans le même contexte, Aya Khaled, femme des médias et spécialisée aux questions humanitaires, a souligné que le rôle des médias consiste à sensibiliser la communauté à l’importance de l’éducation des femmes, en particulier dans ces circonstances difficiles, et à les autonomiser scientifiquement dans les différents parcours et spécialisations qui servent la société, tout en œuvrant à sensibiliser en premier lieu les familles et la société qui considère encore que la femme n’a pas le droit de poursuivre son parcours scientifique et éducatif.

Elle souligne que la femme a le droit d’atteindre les plus hauts rangs scientifiques, les postes dans le milieu universitaire également, et de concourir pour les opportunités d’emploi, étant digne de tout poste ou mission qui lui est confiée, et les preuves en sont nombreuses. Donc, les médias et les différentes plateformes doivent présenter des modèles positifs et des histoires de réussite de femmes qui ont atteint les plus hauts rangs dans le domaine de l’enseignement supérieur.

 

Les médias et la sensibilisation de la société

M. Ben Lazraq souligne que la femme est la moitié de la société, et que si les médias peuvent transmettre cette idée fondamentale de manière appropriée et influente à tous les membres de la société, tous les secteurs de la société reconnaîtront que la femme doit être présente à tous les niveaux, y compris dans l’enseignement supérieur et l’université.

Il a expliqué que le rôle de la femme dans le domaine académique est extrêmement important, surtout dans les postes supérieurs du secteur académique dans les universités, les instituts de santé et de science, les centres éducatifs et religieux, etc. Ainsi, les médias doivent guider la société vers le soutien, la qualification et l’éducation des femmes, et les pousser en avant vers le progrès scientifique, en particulier dans le domaine académique.

M. Anis souligne que les divers articles de presse – nouvelles, rapports, enquêtes approfondies ou revue des histoires de réussite – contribuent grandement à soutenir les questions relatives aux femmes dans le travail académique. Plus il y a de journalistes et de médias qui abordent de manière continue les réussites des femmes dans le travail académique, plus cela aura un impact positif sur la société et créera une motivation importante pour les femmes et les filles vers une plus grande autonomisation et un plus grand enthousiasme pour l’avenir.

 

Les médias et les défis

« Les médias yéménites font face à d’importants défis pour sensibiliser la société à l’importance de l’éducation des femmes, surtout dans le domaine de l’enseignement académique, en raison des conditions exceptionnelles que traverse actuellement le pays. Parmi les principaux défis, le plus important est le conflit armé qui entraîne la destruction des infrastructures médiatiques, limite la liberté d’expression et rend l’accès au public difficile et coûteux », selon la journaliste Ibtihal Mohammed.

Elle a également expliqué que les difficultés économiques ont affecté la capacité des médias à poursuivre leur travail et à fournir la couverture nécessaire aux questions concernant les femmes dans l’enseignement supérieur et académique. De plus, le taux d’analphabétisme reste élevé au Yémen, en particulier chez les femmes dans les zones rurales, ce qui rend le processus de sensibilisation encore plus difficile. S’ajoutent à cela certaines coutumes et traditions qui diminuent l’importance de l’éducation des femmes.

Elle a ajouté : « Certains corps de contrôle imposent encore des restrictions à la liberté de la presse, empêchant ainsi la publication de certaines nouvelles et informations qui contribueraient à renforcer le rôle de la femme dans le travail académique ».

M Ben Lazraq a également souligné que les médias yéménites ont de nombreuses difficultés, notamment avec la poursuite du conflit qui est entré dans sa dixième année. La plupart des médias se sont orientés vers les objectifs du conflit entre les forces belligérantes, devenant l’un des rôles influents dans le conflit. Cela a eu un impact négatif sur le véritable rôle de ces médias, qui devraient normalement se concentrer sur d’autres domaines tels que les droits des femmes et des enfants, la réalisation de la paix sociale, ainsi que sur l’encouragement des filles à poursuivre leurs études supérieures et académiques, et d’autres questions humanitaires et sociales.

D’un autre côté, M. Anis estime qu’il n’y a pas de défis de grande ampleur et d’impact sur les médias yéménites. Il y a des régions yéménites où les médias sont dominés par les coutumes, les traditions et les normes sociales, en particulier dans les zones rurales, où le rôle des femmes dans tous les domaines, y compris l’enseignement supérieur, est marginalisé. Inversement, il y a des gouvernorats et des villes où les médias ne font face à aucun défi social qui réduirait le rôle des médias sur les questions des femmes. Dans ces régions, les médias et les journalistes bénéficient d’un grand espace et d’une grande liberté pour aborder et discuter les questions liées aux femmes, surtout dans le domaine de l’éducation académique, et trouver des solutions pour renforcer leur présence dans ce domaine.

 

Suggestions et solutions

Le rôle des médias dans la sensibilisation de la société à l’importance du rôle des femmes dans l’enseignement supérieur et académique reste essentiel. Ces défis peuvent être surmontés grâce à la collaboration avec les organisations internationales et locales actives dans le domaine des femmes pour mettre en place des programmes de sensibilisation communs, et en utilisant les technologies modernes comme les réseaux sociaux pour diffuser des messages de sensibilisation et toucher un plus large public. Il est également nécessaire de proposer des programmes de formation pour les journalistes afin de les habiliter à couvrir les questions des femmes de manière professionnelle et rigoureuse.

De son côté, Ben Lazraq a présenté quelques solutions pour mieux valoriser le rôle des médias, en particulier sur les questions des femmes dans le domaine académique. Il a souligné l’importance de pousser les médias à jouer un rôle positif concernant les conflits, l’éducation des femmes et le soutien à leur participation réelle à l’établissement de la paix. Cela est nécessaire car le Yémen a besoin d’un soutien modéré aux médias, qui se concentrent uniquement sur les questions sociétales.

Il a continué : « Il y a des questions sociales urgentes, notamment celles concernant les femmes, que les médias doivent mettre en lumière de manière substantielle en les discutant, en trouvant des solutions équitables et en traitant ces questions, afin de former une opinion publique à leur sujet et d’exercer une pression sociale qui contribue à des progrès concrets dans le traitement de toutes les questions relatives aux femmes, y compris celles dans le domaine académique ».

M. Anis souligne également l’importance d’encourager les journalistes et les médias à se concentrer davantage sur les questions humanitaires et sociales, notamment l’éducation des femmes dans l’enseignement supérieur et académique. Malheureusement, la plupart des médias et des journalistes ont tendance à se concentrer sur les programmes et les sujets politiques et économiques. Il incombe également aux organisations et aux institutions concernées de soutenir les programmes qui s’intéressent aux questions des femmes et de mettre en avant leur rôle dans le domaine académique et universitaire.

 

Des plans futurs

« Nous avons besoin d’un plan gouvernemental pour renforcer la présence des femmes dans le milieu académique. Si un tel plan et un rôle actif du gouvernement dans ce domaine n’existent pas, le rôle des médias ne sera pas très important pour la société. Alors, l’importance de l’élaboration de plans futurs pour les médias réside dans l’orientation du gouvernement vers la présence et la représentation des femmes dans l’enseignement supérieur et les milieux académiques », selon Ben Lazraq.

Il a déclaré qu’en fonction des mesures prises par tous les secteurs concernés, que ce soit le ministère de l’éducation, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ou le ministère des droits de l’homme, pour créer un mécanisme gouvernemental de soutien à l’autonomisation des femmes dans le monde universitaire, les médias auront un impact positif sur la réalité des femmes dans le monde universitaire au Yémen.

Dr. Anis dit : « Les plans futurs pour améliorer le rôle des médias consistent à améliorer la réalité de l’enseignement supérieur, qui doit permettre aux filles d’accéder à des spécialisations scientifiques devenues réservées à certains groupes, y compris la médecine, l’ingénierie et d’autres spécialisations scientifiques, à faciliter les procédures et à réduire les frais, et à mettre en évidence les succès obtenus par les filles dans ce domaine. ».

Les médias peuvent contribuer à changer les stéréotypes et à faire apprécier la contribution des femmes à l’enseignement supérieur et au monde universitaire. Toutefois, la poursuite de ces efforts médiatiques peut inciter fortement les jeunes filles ambitieuses à entrer dans le monde de l’enseignement supérieur et à réussir dans leurs études, ce qui aboutirait finalement à la promotion de l’équilibre entre les hommes et les femmes dans ce secteur vital.