La Femme dans le Développement et la Paix
Le mariage est considéré dans de nombreuses sociétés arabes, notamment dans notre société yéménite, comme une partie essentielle de l’identité de la femme. Il est perçu comme une forme de protection sociale et de stabilité. Cette croyance exerce une pression considérable sur la fille, surtout si l’âge du mariage est retardé, ce qui peut entraîner des effets psychologiques négatifs tels que l’anxiété et la dépression.
Les filles ressentent parfois que la société ne reconnaît pas leur indépendance, et le mariage demeure le « seul » moyen d’atteindre la stabilité personnelle et sociale. Cette pression sociale peut mener à des troubles psychologiques, et la femme peut perdre sa joie et son équilibre psychologique. Dans certains cas, elle peut recourir à un embellissement excessif et hystérique pour attirer l’attention sur elle, et la situation peut s’aggraver jusqu’à provoquer une dépression sévère ou même des pensées suicidaires si elle n’est pas traitée correctement.
Des histoires réalistes
Yasmin, âgée de quarante ans, vient d’un village de la province de Taiz et souffre d’une dépression sévère qui a poussé sa famille à recourir à des traitements traditionnels, tels que la consultation de guérisseurs spirituels et de lecteurs du Coran, car elle a perdu la capacité de communiquer avec les autres.
Yasmin a ressenti la pression sociale exercée sur elle par sa famille et son entourage pendant une longue période ; elle est regardée avec pitié et dévalorisée en raison du retard de son mariage, ce qui a aggravé son état psychologique. Cela reflète les défis auxquels de nombreuses filles dans les communautés rurales sont confrontées en matière de manque d’opportunités de mariage.
L’histoire de Yasmin est un reflet réaliste de la vie de nombreuses femmes dans la société yéménite, tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Les coutumes, traditions et normes restent une part importante et influente de la vie des individus. Malgré la prise de conscience croissante des enjeux liés aux femmes, l’impact de ces coutumes persiste, notamment en ce qui concerne le projet de mariage.
Il se peut que certaines femmes non mariées acceptent cette réalité et vivent avec sans être affectées négativement par les pressions sociales. Au contraire, elles développent leurs capacités à faire face à ces pressions sans que cela n’impacte leur santé mentale.
D’un autre côté, certaines femmes sont fortement affectées par ces attentes et pressions, ce qui entraîne une détérioration de leur état psychologique. Les choses peuvent même en venir à penser à fuir cette réalité, voire à envisager le suicide.
M.A, un jeune homme dans la fin de la trentaine, a mis fin à sa vie après une longue souffrance, dans une nuit sombre dans la ville de Lahij. Il a choisi de se libérer de la pression qu’il subissait en raison de sa famille, de la famille de sa fiancée et de la société qui ne l’a pas aidé à faire face aux défis.
M.A était ambitieux et intelligent, ayant terminé ses études universitaires en gestion des affaires. Ses rêves étaient grands, car il espérait épouser sa cousine qu’il aimait depuis son enfance. Cependant, les circonstances ne se sont pas déroulées comme il le souhaitait. Après l’obtention de son diplôme, il a commencé à chercher un emploi, mais la situation économique du pays était en déclin en raison du conflit et de ses conséquences. Il a postulé à de nombreux emplois, mais toutes ses tentatives ont échoué, ce qui l’a plongé dans un profond découragement, surtout que son oncle commençait à lui demander d’accélérer les préparatifs du mariage et de rassembler les fonds nécessaires pour les célébrations conformes aux coutumes établies. Il ne voulait pas voir sa fille grandir sans être mariée, surtout que ses sœurs plus jeunes avaient déjà trouvé des maris.
Toutes ces pressions de la part de sa famille, de celle de sa fiancée et de la société, combinées à l’absence d’un emploi adéquat, ont renforcé en lui un sentiment de perte de passion pour la vie, surtout lorsqu’il voyait ses amis se marier et fonder leurs propres familles alors qu’il était toujours au chômage. C’est pourquoi il a décidé de mettre fin à ses jours en raison de l’intensité des pressions psychologiques qu’il subissait.
L’état psychologique de la femme
Une étude scientifique intitulée « L’impact du célibat sur la vie des femmes : une approche du point de vue de l’anthropologie féminine – 2018 » a révélé que parmi les effets psychologiques dont souffrent les femmes non mariées figurent l’impuissance et le manque. Par nature, la femme a tendance à rechercher la compagnie d’un partenaire de vie, et lorsqu’elle ne parvient pas à se marier, elle peut ressentir de la frustration et de la déception. Ce sentiment s’aggrave à mesure que la femme approche de la ménopause, et elle peut également faire face à des troubles psychologiques tels que l’anxiété et la dépression en raison de l’absence de réalisation de cet aspect de sa vie.
L’étude indique également qu’un individu ressent de l’impuissance et de la vulnérabilité lorsqu’il ne parvient pas à satisfaire ses besoins émotionnels et matériels. Dans le cas d’une femme célibataire, ce sentiment s’aggrave avec l’âge ; elle se sent indésirable pour le mariage, ce qui entraîne une anxiété constante. La perte d’un parent ou des deux augmente ces sentiments, car elle perd une source de sécurité sociale. Elle peut également souffrir de dépression en raison de l’accumulation des frustrations qu’elle endure, surtout si elle a vécu des expériences amoureuses infructueuses.
L’étude a montré que le sentiment de privation et le manque d’accord psychologique peuvent parfois entraîner des troubles de la personnalité chez la femme, même si elle se marie tardivement. Ses sentiments de mal-être et d’aliénation vis-à-vis de la société peuvent persister.
Elle a confirmé que les pressions psychologiques auxquelles la femme fait face en voyant ses proches et amies se marier alors qu’elle subit un retard dans son propre mariage peuvent, dans certains cas, conduire à des pensées suicidaires, surtout si elle souffre d’un manque de compréhension de la part de sa famille concernant sa situation.
L’étude met en lumière le rôle important que joue la société dans la formation de l’image que la femme a d’elle-même et de son rôle dans la vie, ainsi que la manière dont les attentes sociales peuvent accroître la souffrance des femmes qui ne sont pas encore mariées, rendant cette problématique une question sociale et culturelle complexe, et non simplement une question individuelle.
La spécialiste en psychologie, Dr. Nadia Abdel Kader, explique que le célibat entraîne des problèmes psychologiques complexes chez les femmes, en particulier dans notre société yéménite. De nombreuses femmes souffrent d’un manque d’accord psychologique et de conflits intérieurs en raison du retard du mariage et des pressions sociales impitoyables.
Elle a souligné que de nombreuses filles souffrent de troubles psychologiques en raison du regard que la société porte sur elles et du traitement que leur accorde leur famille. La fille est alors sujette à des sentiments d’impuissance et de dépression en raison de ces pressions répétées lors de chaque occasion, même si ce ne sont que des regards, des murmures ou des critiques indirectes de la part des proches lors des événements sociaux. Ces pressions ont un impact significatif sur son état psychologique, entraînant un déclin général.
Elle a également précisé que le célibat est devenu un problème courant qui affecte de nombreuses filles. Beaucoup d’entre elles cherchent à se marier et à avoir des enfants comme moyen d’atteindre la stabilité psychologique dans leur environnement social.
Des propositions
Concernant les propositions scientifiques qui pourraient contribuer à atténuer les effets psychologiques et sociaux du célibat et son impact négatif sur les femmes, Dr. Abdel Kader mentionne plusieurs suggestions, notamment la création de clubs et d’associations féminines visant à fournir un environnement social qui aide à combler le vide émotionnel et à réduire le sentiment de solitude psychologique.
Elle a également souligné qu’il est essentiel de travailler de manière collaborative pour sensibiliser la société à la gravité d’un traitement inconscient des filles qui se marient tard. Cela peut avoir un impact négatif sur leur santé mentale. La sensibilisation peut se faire à travers les médias et les différentes plateformes de réseaux sociaux, ainsi que par la mise en place de programmes éducatifs offrant des conseils et des orientations, ou des programmes spécialisés fournissant des services de soutien psychologique et traitant des questions liées au célibat.
Elle a également souligné la nécessité de se concentrer sur les aspects psychologiques liés au célibat et de proposer des solutions aux problèmes psychologiques, à travers des études et des recherches qui examinent les besoins psychologiques de cette catégorie. Il est important de mobiliser des services de counseling psychologique qui aident les filles à surmonter leurs problèmes psychologiques, en fournissant le soutien psychologique et social nécessaire par le biais de séances de conseil collectives ou individuelles.